Le père noël est un kangourou

Avant de quitter Victor Harbor, nous faisons une petite balade sur Granit Island, qui se trouve juste en face et est accessible à pied en passant un ponton. Le soir on peut y voir une colonie de petits manchots. Mais pas de bol : nous apprenons le matin qu’il faut y aller le soir… Donc pas de manchots. Nous reprenons donc la route… On the road again !

On avait été habitués, avec l’Islande, aux longues étendues monotones quasi désertiques. De ce côté de l’Australie, on retrouve cette monotonie durant les kilomètres parcourus sur la Princess Highway (« l’autoroute de la princesse »… Je ne vous raconte pas combien lui sont passés dessus !). Le paysage est décidément très sec, des champs jaunis, une végétation parsemée. De l’herbe jaune et des troncs d’arbre blancs. C’est plus accueillant et plus vert à partir de Meningie, où les panneaux « Attention kangourous » me font espérer apercevoir le curieux animal… Je scrute donc le paysage, mais, tout comme ce matin les manchots sur l’île, les animaux restent cachés, à part quelques troupeaux de vaches noires (bronzage naturel ?!), de moutons gris (moins efficaces, les UV !), de boeufs et de chevaux. Je désespère donc, me demandant si cette histoire d’animaux qui marchent sur deux pattes et se servent parfois de leur queue comme d’une troisième, qui sautent pour se déplacer et ont une poche dans laquelle leurs petits vont se nicher à la naissance, si cette histoire, donc, n’est pas tout bonnement un conte à dormir debout, du genre père Noël… Il suffit de mettre quelques panneaux au bord de la route, et hop ! Tout le monde tombe… dans le panneau ! Inutile de préciser que je ne crois plus non plus à l’existence de ces adorables nounours aux oreilles décollées qui ne mangent que de l’eucalyptus… Et que dire des manchots de ce matin ?! On nous a bien précisé qu’ils ne sont visibles que la nuit, comme par hasard…

Nous avons longé la réserve naturelle de Coorong, refuge pour les oiseaux marins, mais à l’endroit indiquant « observatoire de pélicans », idem, point de piafs à réservoir intégré de nourriture en vue… Quelle mystification ! Le seul animal quelque peu exotique que nous croiserons en cette journée sera le célèbre Larry, homard géant, mentionné dans notre guide comme la seule attraction touristique de Kingston Southeast. En fait de homard, c’est un énorme truc en plastique rouge installé en bordure de route qui tient lieu de crustacé… Je commence à réaliser ce que sera la planète quand seule l’espèce humaine aura survécu et que l’on ne pourra plus rencontrer aucune espèce différente de la notre… Quel monde désenchanté ce sera ! Pour l’heure, on se dit qu’on peut toujours se rabattre sur un zoo pour voir les animaux typiques du pays, mais ce n’est pas une consolation, les animaux retenus en captivité m’ont toujours foutu le bourdon (si, si, vous savez, cet insecte bourdonnant si pénible qui vous poursuit en été !). Et même si, dans les zoos, les kangourous ont une étendue équivalente à trois terrains de foot pour habitat, je me dis que, quand on a connu une étendue telle que l’Australie, tous les terrains de foot du monde alignés n’auront jamais le goût de la liberté.

Le soir, nous faisons escale à Robe. Le paysage est magnifique, la mer bleu turquoise… La plage de sable fin… Un goût de paradis (comme un bounty, mais en mieux !)… (« Quoique un peu froide, la mer… », « Tu veux dire gelée, oui, elle était aussi froide qu’en Bretagne à la même époque ! »).