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jeudi 22 février 2007

Le blues de Warrnambool

Repartis de Robe non sans regrets (l’hébergement au bord de la plage était vraiment idyllique), nous avons jeté un oeil à la Long Beach, plage de surfers (contrairement aux « swimming beaches » qui sont des plages où l’on peut se baigner), qui est une interminable langue de sable face à l’océan (toujours bleu turquoise, l’océan). Mais ce matin, la brume a envahi le paysage et personne ne profite des vagues… La route vers Melbourne nous attend donc, il nous reste trois jours avant d’y arriver. A Mount Gambier, nous allons voir le « Blue Lake », un cratère de volcan empli d’une eau d’un bleu étrange, d’autant plus que personne n’a trouvé d’explication à cette couleur magnifique… Quel est donc ce mystère ?! Nous ne pouvons pas descendre en bas du cratère, au bord de l’eau (il y a bien des excursions sur l’eau, mais nous aurions préféré pouvoir nous poser au bord, mais point de plage, ici, la roche est abrupte et ne permet pas le passage). Les deux autres cratères étant plus « ordinaires », nous reprenons la route, passons Portland pour nous arrêter à Warrnambool pour la nuit… Je lis dans notre guide que cette ville est un important centre de commerce et d’industrie (ce qui aurait dû éveiller mes soupçons), et que l’observation des baleines constitue pour beaucoup la principale attraction de la ville (deuxième indice !). Malheureusement pour nous, on ne peut observer les baleines que de juillet à septembre… Il nous reste donc à explorer cette ville au nom évocateur (nous la rebaptiserons « Warrnamboules », la ville où on chope les boules, et nous avons inventé une chanson qui s’appelle « le Warrnamblues  [1] », sur l’air de « Ne me quitte pas »). En effet, nous commençons par chercher le centre ville, sans succès… C’est une juxtaposition de zones industrielles, résidentielles et d’édifices religieux, fort remarquables au demeurant. Nous sommes également étonnés de ne trouver qu’un seul hôtel, parmi les nombreux établissements proposant des chambres, où il en reste une à louer. Notre déambulation dans cette « ville » nous a laissé une impression étrange, un mélange de vague à l’âme et de perplexité… Dans notre hôtel au bord de la « princess highway » (encore elle !), emplacement des plus déprimants, nous apprenons de la tenancière que Warrnambool est une ville à la croisée des autoroutes (la « princess » et la « Great ocean road »), qui accueille en conséquence beaucoup de trafic et est donc très « animée » (au sens où l’on ne fait qu’y passer avant de continuer sa route, NdA…). Nous tentons de nous ravigoter le moral en allant dîner au restaurant que nous a indiqué notre hôtesse, qui s’avère être un bar avec une arrière-salle immense servant de salle de restauration et qui m’évoque un poulailler en raison du niveau des décibels des conversations des convives… Nous avons discrètement fait demi-tour afin de chercher un autre endroit plus calme où se restaurer. Les rues sont désertes, il est à peine 19 heures, il fait froid et il bruine, tout est fermé, les corbeaux ne cessent de croasser (on dirait parfois qu’ils pleurent, c’est un cri à la fois inquiétant et attendrissant – les oiseaux m’ont étonnée depuis le début de notre voyage, on les voit peu en ville mais on les entend beaucoup : ce sont souvent des cris qui semblent presque humains, rires ou pleurs, il y a même un oiseau dont le cri ressemble au son du pipeau, c’est une sorte de chant sophistiqué… J’espère le voir un jour, l’oiseau qui joue du pipeau !). Toujours est-t-il que, ce soir, à Warrnambool, c’est lugubre ! Nous tentons cependant de dénicher un restaurant, car je veux à tout prix éviter d’échouer au KFC (Kentucky Fried Chicken) du bord de l’autoroute (vous ai-je déjà dit qu’en matière de nourriture, les Australiens en sont au degré zéro de la cuisine ?!). Bref, nous finissons par dégoter un restaurant asiatique bondé qui ressemble lui aussi étrangement plus à une cantine qu’à un vrai resto, mais retrouver un lieu habité nous a quelque peu remonté le moral… Ceci dit, la fatigue aidant, tout ceci n’est pas très objectif : Warrnambool est certainement un lieu où il fait bon vivre. Il faut juste attendre le retour des baleines.

par Myriam

Notes

[1] Ne reste pas là, tu peux t’en aller, mais ne reste pas, ne reste pas là-bas, attends les baleines, quand elles reviendront, tu pourras rester, mais pas maintenant, non pas maintenant, tu vas déprimer, au coeur de la ville, oh non, ne reste pas là, ne reste pas là… On a vu, souvent, des gens s’en aller, partir pour la vie, mais à Warrnambool, ils ont échoué, il est, paraît-il, des villes plus gaies, où il fait bon vivre, où les gens aiment vivre, et quand vient le soir, les corbeaux sont là, les corbeaux sont noirs, et tu te pendras… Ne reste pas là, ne reste pas là… Ne reste pas là… Je vais rester là, juste pour la nuit, dormir, et puis rêver, laisse-moi m’en aller, laisse-moi m’exiler, être déjà loin, être déjà demain… Je ne reste pas, non, je n’y reste pas…

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