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vendredi 2 mars 2007

Les fontaines (asséchées) d’Alice

Au matin du 25 février, 2 mois et 2006 années après la naissance du p’tit Jésus, nous nous levons de bonne heure pour embarquer sur notre premier vol intérieur en Australie. Ce fût un peu stressant… D’abord nous arrivons juste à temps pour prendre la navette de 7 heures (tôt, trop tôt), et nous nous rendons compte que nous devons encore payer la chambre. Mais pas de panique, le gars de la réception a déjà sorti la facture, il ne reste plus qu’à donner la carte, ce que nous faisons… Mais la carte ne passe pas. Le gars essaye trois fois : rien. Il demande si nous avons une autre carte, oui, nous avons tout prévu, tac on lui file la deuxième carte ; il essaye encore trois fois : rien. Merde… Nous demandons où il y a un distributeur, que nous tirions la somme (rondelette) que nous devons pour payer en liquide. OK, le gars de la navette dépose déjà une cliente à l’aéroport puis nous amène à un distributeur… En route nous émettons l’idée qu’il doit y avoir des distributeurs à l’aéroport, que nous pourrions essayer là, le conducteur répond par un « non » catégorique, indiscutable… Okey, il ne nous fait pas confiance, il doit se sentir investi de la responsabilité de ramener le pognon à l’hôtel… En route, il nous raconte qu’il vient du sud de l’Italie, « Big Mafia there ». On ne s’énerve pas, on reste calmes, on ne va quand même pas se faire descendre pour deux nuits d’hôtel. Finalement on y arrive, à ce distributeur, et là ça commence à rouler : il nous donne sans rechigner la somme que nous demandons. Le gars de la navette semble encore assez tendu quand l’un de nous descend pour tirer l’argent, il demande à ce que les deux descendent et nous accompagne jusqu’au distrib’ (je ne sais pas ce qu’il craint : on ne va quand même pas partir en courant en lui laissant nos bagages avec l’appareil photo numérique et le portable…), mais dès que nous avons l’argent ça va beaucoup mieux. Il nous ramène à l’hôtel pour que nous donnions les précieux dollars… Nous apprenons d’ailleurs à cette occasion que c’est leur machine à carte qui ne marche plus… c’était bien la peine de nous regarder avec ces yeux soupçonneux… Bref nous repartons vers l’aéroport, pas encore en retard, heureusement il y avait de la marge… Là nous tombons dans un gigantesque bordel : des files d’attente partout, des bornes d’enregistrement automatisé, sur lesquelles nos billets d’avion français ne passent pas, évidemment, et seulement deux guichets (« helpdesk ») pour les malheureux qui n’ont pas pu être « automatisés »… C’est avec soulagement que nous passons finalement les formalités de douanes largement en avance…

Le vol nous fait traverser la moitié de l’Australie en 3 heures, et comme il fait beau et que nous avons un hublot, nous profitons du spectacle. Pendant le premier tiers du trajet, tout est encore cultivé, on voit des champs plus ou moins jaunes à perte de vue. Puis c’est le désert : la terre devient rouge et les îlots de végétation ne disparaissent pas, car c’est un désert vivant, mais ils deviennent irréguliers. L’arrivée sur Alice Springs est grandiose. D’abord nous constatons, effectivement que c’est un désert « vert ». Plus vert certainement que les paysages brûlés de l’Australie du Sud. C’est une végétation aride, mais tout de même verte. Et puis la ville semble nichée entre deux nervures de la terre. Ce sont les McDonnel Ranges et d’autres dont je ne connais pas le nom. C’est leur régularité qui est impressionnante. On dirait des monticules rectilignes alignés au cordeau…

Dès que nous débarquons sur le tarmac, nous mesurons la chaleur du lieu. Et surtout nous nous rappelons soudain des reportages que nous avions vu sur le centre de l’Australie en été : les mouches ! Des dizaines de petites mouches se mettent à nous tourner autour. Nous courrons presque nous réfugier dans l’aéroport. Nous prenons les clefs de la voiture de location, marchons le plus vite possible jusqu’au parking (chaleur, mouches), montons dans la voiture (brûlante) et mettons la clim’ à fond. Des fois on préfère oublier qu’il faudrait dépenser moins d’énergie et surtout économiser l’essence… Arrivés à l’hôtel (un « backpacker » tout à fait correct), nous sautons dans la piscine, profitons du début d’après-midi pour laver notre linge (sec en une demi-heure), faisons une sieste dans la chambre climatisée. Nous ne tentons une sortie que vers 5h du soir…

Chaque sortie est un petit supplice : d’abord il fait une chaleur à crever (surtout en sortant de la voiture climatisée), mais ça, encore, ça serait supportable. Il y a surtout les mouches, réellement insupportables. C’est dommage : le désert est magnifique. C’est une explosion de couleurs : le blanc et le vert des eucalyptus, le rouge de la terre, le bleu du ciel, avec les nuages blancs, compacts, qui semblent immobiles… Mais les mouches… ! Je crois qu’en tout nous n’avons pas pu rester une heure à marcher dans la nature sur les deux jours que nous avons passés à Alice Springs…

Alice est aussi un point de rencontre singulier entre la culture occidentale et la culture aborigène. C’est assez étonnant : les deux civilisations cohabitent l’une à côté de l’autre comme si elles ne se voyaient pas. Les Aborigènes sont nombreux en ville, ils sont assis dans les parcs, à l’ombre d’un arbre. Ils discutent, rient, vendent aussi, pour certains, des peintures aux touristes… Les touristes, eux aussi, sont là, ils entrent dans les restaurants et boivent des coups, mais il n’y a pas un aborigène dans ces endroits-là. Même dans le regard il y a une distance. Nous sommes blancs, touristes (un appareil photo sur l’épaule… et même sans ça…), nous sommes de ce monde occidental, et il n’y a pas moyen de faire autrement. Les Aborigènes que nous avons salués n’ont pas répondu, ne nous ont pratiquement pas vus. Ils passent à côté de nous comme si nous étions transparents. Mais je préfère ça à la vision qu’on donne souvent des peuples colonisés : relégués dans les banlieues, alcooliques… Les Aborigènes que nous voyons ici occupent leur terre, fièrement, il perpétuent leur mode de vie en s’invitant sur les lieux colonisés par les occidentaux.

Si le monde est un rêve, il doit bien être possible que les Aborigènes et les Mutants coexistent sans se voir sur la même planète.

par Fabrice

Photos

Le ciel d'Alice Springs La route dans le désert Le bush Une "rivière" Le lit de la rivière passant les McDonnell Ranges La même vue de plus près Piton rouge Ville solaire, pas nucléaire ! Bush Peinture aborigène Bush Un arbre isolé sur les rochers La végétation du désert Les rochers Trou d'eau asséché Le célèbre Moloch ! La queue du Moloch !

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