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samedi 10 mars 2007

La Terre du Milieu (hécatombe chez les possums)

Nous repartons sur les routes de Nouvelle-Zélande après notre nuit au lac Havea, en commençant par une escale au village du lac Wanaka, tout proche et plus touristique. Que de changements par rapport aux souvenirs que j’en avais (datés de trente ans, il est vrai) ! C’est une vraie station touristique, des voitures garées partout, une queue monstrueuse dans l’office de tourisme, chacun doit réserver son activité du jour… Ici tout se termine en « ing » : kayaking, canioning, climbing, tramping, flying, over-flying, jumping… Des activités et encore des activités… Est-ce que tout le monde a définitivement oublié comme il est bon de ne rien faire ? Décidément, le hasard, qui nous a fait nous arrêter à Havea plutôt qu’à Wanaka, a bien fait les choses : ce lac un peu à l’écart, épargné par le flot de touristes (qui sont très sélectifs), est beaucoup plus calme, beaucoup plus majestueux…

Nous repartons donc (après avoir réservé un motel à Fox Glacier, car, comme la saison s’avère tout de même assez touristique – le pays étant envahi de retraités – il est hasardeux de partir sur les routes sans savoir où dormir). Les paysages que nous traversons sont magnifiques, et le mot est faible. C’est majestueux, resplendissant. Ces montagnes abruptes, recouvertes d’une végétation luxuriante, qui plongent dans des lacs immobiles… C’est tout simplement grandiose. Et je m’arrêterai là dans les adjectifs, de peur d’être un peu lourd… Nous voyageons là-dedans béats, sans vraiment prendre le temps de nous arrêter pour témoigner d’une photo.

La Nouvelle-Zélande est un pays étonnant. Dans un air frais, avec des montagnes et des torrents qui évoquent les Alpes, on roule sur des routes bordées d’une végétation luxuriante, tropicale. Nous évoluons fréquemment entre deux murs de fougères arborescentes… C’est la rencontre impromptue des tropiques et d’une zone tempérée… C’est sauvage aussi. Brut. Comme une incursion brutale de la préhistoire (les fougères arborescentes et d’autres arbres, qui, je ne sais pourquoi, m’évoquent la préhistoire) dans le monde moderne, avec cette route bitumée qui traverse la nature sauvage.

Nous faisons aussi connaissance avec les particularités des routes néo-zélandaises : les lacets serrés (à prendre à 15 km/h, sinon c’est le ravin assuré), avec un manque total de rambardes ou de quoi que ce soit qui pourrait être rassurant. Mais bon, c’est indiqué : un beau panneau jaune qui recommande 15 km/h… Et les ponts à une voie ! Parfois pour les voitures et un train, histoire de simplifier les choses… Nous avions trouvé que nous avions fait beaucoup de route pour descendre de Christchurch à Dunedin, et bien c’est pire maintenant ! Non seulement les distances sont importantes, mais en plus on n’avance pas ! En fait nous voulons remonter le plus vite possible vers le nord de l’île Sud (vous avez suivi ?), pour pouvoir rester plusieurs jours dans quelques étapes, histoire de souffler un peu et d’avoir le temps de marcher quelque part, de se baigner, ou tout simplement de dormir le matin !

Mais la route est tellement sinueuse que nous ne pouvons faire autrement que de nous arrêter à « Fox Glacier », haut lieu touristique où se croisent les cars des voyages organisés… Et aussi un rallye de 2CV, il faut le voir pour le croire… Les parkings des glaciers (Fox et Franz Josef, mais qu’est-ce qu’un empereur d’Autriche vient faire là… je n’en sais rien ! [1]) est le repère des Kakas, les perroquets emblématiques de la région, qui viennent quémander de la nourriture avec force cris stridents, mais qui repartent bredouilles parce qu’un panneau indique qu’il ne faut pas les nourrir à l’entrée du parc… Après avoir pris quelques photos, rituelles, du glacier, nous allons dormir dans un motel enchâssé dans la brousse : un balcon de bois qui domine et pénètre cet enchevêtrement moite de végétation. Le soir, alors que nous prenions le frais sur le balcon, un animal étrange descend le long de la poutre du coin, nous ne voyions apparaître qu’une patte noire. Ce doit être un opossum. Ils pullulent ici, mais on les voit surtout écrasés sur les routes. Des centaines de cadavres jalonnent le ruban bitumeux, rapidement dépecés par les oiseaux de proie.

Le lendemain nous repartons sur la côte ouest, longeant la mer de plus ou moins loin. Il nous semble que les Néo-zélandais ne sont pas très portés vers la mer : nous la longeons pendant des kilomètres, l’apercevant parfois à une centaine de mètres sur notre gauche, derrière une dune interminable, mais aucun chemin n’y mène ! Nous trouvons enfin une plage étrange, à Hokitika, jonchée de troncs d’arbres adoucis par la mer (comme les autres plages que nous avons vues sur la côte ouest, ainsi que dans tous les torrents : il doit y avoir une quantité hallucinante d’arbres arrachés dans ce pays !). Ces totems sont levés par endroits, un fauteuil de pierre est posé sur la berge, des cercles de galets sont dessinés sur la plage… Tout cela est très étrange, ne trouvez-vous pas ?

Puis nous entrons à nouveau dans les terres pour atteindre notre prochaine escale : Hanmer Springs. Le paysage a totalement changé : on retrouve la végétation jaunie qui nous avait accompagnés en Australie, mais avec toujours les contrastes propres à la Nouvelle-Zélande : les champs jaunes sont dominés par des montagnes abruptes, des éboulis apocalyptiques sont dessinés à leur flanc, mais le tout est surplombé d’une forêt de sapins parfaitement tranquille… Pas de doute, on n’est pas en Europe, on est à l’autre bout du monde !

par Fabrice

Notes

[1] Avant 1865, le glacier portait le nom, bien plus poétique, que les maoris lui avaient donné : « Ka Roimata o Hine Hukatere », qui signifiait « les Larmes de la Fille Avalanche » (« Tears of the Avalanche Girl »), d’après une légende qui disait qu’une jeune fille avait perdu son amoureux, tombé en grimpant un pic de la montagne, et que le torrent de larmes de la jeune fille avait gelé et formé ce glacier. Il a fallu qu’un autrichien vienne explorer le glacier et qu’il lui donne le nom de son empereur – imaginez qu’on l’ait appelé François Mitterrand ou Raymond Poincaré, c’est tout aussi ridicule !

Photos

De Wanaka à Fox Glacier - Les "blue pools" De Wanaka à Fox Glacier - Les "Blue Pools" De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier - Les "blue pools" De Wanaka à Fox Glacier - Les "blue pools" De Wanaka à Fox Glacier - La forêt autour des "blue pools" De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier De Wanaka à Fox Glacier - La côte Ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La côte ouest La brousse derrière notre chambre Fox Glacier Fox Glacier Fox Glacier Fox Glacier Fox Glacier Coucher de soleil sur la brousse De Fox Glacier à Hanmer Springs - Fougère arborescente du lac (...) La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika La plage de Hokitika, le fauteuil immuable Le centre nord, avant Hamner Springs Le centre nord, avant Hamner Springs Le centre nord, avant Hamner Springs

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