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jeudi 29 mars 2007

Impressions tropicales

Nous sommes heureux de pouvoir parler à nouveau français après un mois passé en terre anglophone. Pour ma part, je découvre la Nouvelle-Calédonie avec un peu d’appréhension car on m’a beaucoup parlé des problèmes politiques entre kanak, caldoches et métros (les métropolitains, c’est-à-dire les français résidant ici depuis moins longtemps que les caldoches), et de la violence qui en résulte parfois.

Je découvre tout d’abord Nouméa, une ville qui semble plutôt calme et agréable à vivre. La chaleur est, au mois de mars, tout à fait supportable et les soirées sont douces. Nous nous baignons à la baie des citrons (appelée ici la BD), l’eau y est chaude et les gens qui travaillent en ville viennent le midi manger leur sandwich et profiter de la plage. Nouméa est une petite ville et c’est un avantage, car pour aller du centre ville à la plage il n’y a pas beaucoup de chemin à faire.

La deuxième plage située dans la ville est celle de l’anse Vata, très venteuse et qui est surtout le royaume des planches à voile. Il y a deux autres plages situées un peu plus loin, l’une au bout de l’anse Vata, et l’autre à Nouville.

Je remarque que la vie ici semble plutôt agréable, entre la torpeur des après-midis et la douceur des soirées, les gens ne semblent pas stressés et beaucoup d’entre eux pratiquent un sport en plein air (natation, planche à voile, apnée, cyclisme, jogging…). La ville bouillonne d’une énergie dénuée d’agressivité. Je suis donc agréablement surprise de ce séjour que j’appréhendais et me réjouis de découvrir une partie du pays à l’extérieur de Nouméa :


Un monde minéral (le maquis minier)

Notre planète nous réserve décidément de belles surprises : le sud de la Nouvelle-Calédonie pourrait être le monde tel qu’il était avant la civilisation, un monde de montagnes, de rivières et de lacs, une brousse qui semble vierge de vie animale en dehors des oiseaux, les plantes étant venimeuses pour les insectes en raison de l’acidité du sol. La vie éclate dans des rouges, des verts et des bleus, la végétation est foisonnante, la terre vous brunit la peau si vous n’y prenez garde, le ciel et la mer bleuissent l’horizon, les rivières se mêlent parfois de terre ocre, tout cela fait du sud un monde où l’on pourrait oublier qu’une civilisation est en train de le détruire. Les pylônes électriques visibles de loin en loin ne nous y trompent cependant pas.

En partant de Nouméa, nous avons traversé la tribu Saint Louis, mais pour moi qui ne connais pas le pays, c’est seulement parce qu’on me signale leur présence que je sais qu’elles sont là. Les villages des tribus kanak ne sont pas indiqués et, finalement, les signes les plus évidents de leur présence sont pour moi les inscriptions telles que « non au tuyau ! » ou encore « Inco out ! » visibles sur des panneaux indicateurs ou simplement tracées dans la terre avec des cailloux.

Ces inscriptions concernent l’usine de nickel : un tuyau de 25 km de long a été installé pour alimenter le secteur de l’usine en eau, et l’opposition des kanak au tuyau peut être considérée comme le symbole des réactions face à la colonisation. L’usine Goro Nickel est exploitée par les canadiens d’Inco, qui font partie des cinq premiers groupements métallurgiques mondiaux. En s’opposant au tuyau (qui a été plusieurs fois coupé, avant que son enfouissement ne le protège), les kanak dénoncent l’injustice de voir exploiter les ressources de leur pays sans qu’eux-mêmes n’en perçoivent les bénéfices. En effet, les seuls bénéficiaires de l’exploitation de la richesse en nickel sur le plan local sont les salariés de l’usine. Ce monde minéral qui regorge de richesses (nickel, cobalt, manganèse, fer, chrome) demeure donc une blessure à vif pour le peuple kanak, le sentiment d’injustice se cristallisant dans des revendications tout à fait justifiées.

La route est goudronnée jusqu’à l’entrée d’un no man’s land où l’on peut se perdre facilement. Nous goûtons tout d’abord à l’eau en nous baignant dans la rivière de la Madeleine, qui, pour le coup, a réellement un arrière-goût proustien, tant elle nous rappelle les rivières de notre enfance par sa fraîcheur et la pureté de son éclat. Pas de baignade possible en revanche dans le lac de Yaté qui est un lac artificiel dont le barrage fournit de l’électricité à Nouméa (d’où les pylônes électriques !), immense et magnifique étendue d’eau où percent des arbres, vestiges des vallées noyées en 1959 quand le lac a été créé. Cimetière végétal au coeur d’un monde minéral, le lac de Yaté a de ces lumières au soleil couchant qui vous ensorcellent, mais il vaut mieux se hâter, il est 18 heures et la nuit tombe déjà sous les tropiques…

Safari 4x4 dans la terre rouge IMG/flv/P1030792.flv

Luxe (à louer), calme (à part le cri des mouettes) et farniente (l’île aux canards)

Face à l’anse Vata à Nouméa se trouvent deux îlots accessibles en bateau-taxi : l’île aux canards et l’îlot maître. Nous avons choisi l’île aux canards pour un après-midi de fainéantise intensive. Contrairement à ce que son nom suggère, il n’y a pas de canards sur l’île, mais quelques mouettes plutôt vindicatives qui souhaiteraient voir les humains loin de leur île. La traversée ne nous a pas pris 5 minutes, et il n’en faut pas plus pour faire le tour de l’île à pied, mais pas pieds nus car le sol est jonché de débris de coraux coupants. C’est le cas aussi au fond de l’eau, et il vaut mieux garder ses claquettes pour se baigner. Il n’est pas rare d’apercevoir des poissons ou des serpents de mer comme les tricots rayés, appelés ainsi parce qu’ils sont rayés de bandes noires et beiges ou noires et bleues. C’est un serpent venimeux pour lequel il n’existe aucun sérum, mais il ne mord que si on le dérange. [1]

Ici, il faut payer pour avoir de l’ombre (1500 francs pacifiques la journée pour deux transats et un parasol à louer au restaurant installé sur l’île, soit environ 15 euros). L’endroit est idéal pour paresser en sirotant un verre, pour bronzer à l’ombre d’un faré, ou pour observer les fonds marins (masques et tubas sont également disponibles en location). Fabrice vous relate son expérience de la plongée en apnée :


Le pays du poisson sympa

Comme il n’y a pas grand-chose à faire sur l’île aux Canards, et que j’avais omis de prendre mon livre, je me suis laissé tenter par la location de palmes, d’un masque et d’un tuba (500 FCP, à peu près 5 €, tout se paye ici), pour aller barboter… Je n’en attendais rien, seulement de passer le temps : j’ai une confiance très modérée dans les activités organisées, et, ici, la plongée est fléchée. Le gars qui m’a sorti le matériel m’a prévenu qu’en dehors des bouées jaunes, c’était à mes risques et périls… Je n’ai pas fait très attention, que peut-on risquer ici ? Mais en fin de compte, je suis sagement resté dans le périmètre délimité…

Tout d’abord, il m’a fallu me réhabituer au monde marin que je n’avais pas côtoyé depuis plusieurs années : ne pas oublier de garder son T-Shirt pour éviter de prendre un coup de soleil d’enfer sur les épaules, cracher dans le masque pour conjurer la buée, bien ajuster tout le matériel pour ne pas être gêné par des aléas bassement techniques comme l’eau qui s’infiltre sournoisement dans le masque… Et réapprendre à souffler assez fort dans le tuba pour en éjecter toute l’eau après chaque plongée… Le dernier point m’a pris plus de temps : deux ou trois fois j’ai eu le souffle trop court et j’ai dû sortir la tête de l’eau et arracher le tube de plastique de ma bouche pour prendre une bonne goulée d’air… Mais, au bout du compte, ça revient vite, après un quart d’heure dans l’eau j’avais retrouvé mes habitudes, me manquait peut-être seulement un peu de souffle, c’est vrai que je ne fumais pas quand j’ai appris l’apnée…

Au début, on voit du corail mort joncher le fond, comme il jonche la plage, rien d’extraordinaire, puis, un peu plus loin, un peu plus profond, on survole le corail vivant, bariolé, de formes diverses. C’est beau, ça fait plaisir à voir, mais j’en ai trop vu pour m’extasier, même si ça fait longtemps. Puis, en relevant la tête, je suis tombé masque à yeux globuleux sur un banc de poissons d’une centaines d’individus, là, tranquilles, pas le moins du monde effrayés par ma présence. Là, j’ai été un peu soufflé ! Je pouvais presque les toucher, il s’approchaient de moi, probablement habitués à être nourris, et ne s’écartaient que doucement quand j’avançais la main. Il y en a partout dans la zone que j’ai visitée, de toutes sortes, des perroquets, des caporals, et plein d’autres dont je ne connais pas le nom. Après quelques minutes, j’ai même remarqué un minuscule poisson jaune et noir (comme un tricot rayé, mais en poisson), qui filait devant mon masque. Il m’a fait la visite, tantôt me précédant devant le masque, tantôt sous mon ventre. Je l’ai parfois cru parti, mais, pendant toute ma balade qui a tout de même duré une heure, il revenait toujours frétiller devant moi. Un vrai poisson pilote !

Il y a aussi eu une tortue. Petite. Elle s’est avancée droit sur moi, à tel point qu’elle m’a fait un peu peur (est-ce que ça mord ces bêtes-là ?). Puis, quand elle a compris que j’étais un humain, elle s’est détournée et à fui quand j’ai essayé de la suivre.

Il y a aussi eu un oiseau, posé sur un ponton, aussi agressif que ses collègues qui surveillent les coins tranquilles de l’île. Je m’étais approché du ponton parce que deux sièges sculptés, des genres de trônes, sont immergés à côté, c’est assez surprenant. Je remontais d’avoir été voir ça de près, et l’oreille sortant de l’eau, j’entends des criii-criii insistants. Je sors la tête de l’eau et je manque de me prendre le piaf qui fait des allers et retours au-dessus de ma tête. Je suis vite parti : je ne suis pas venu affronter les périls de la mer pour me faire trépaner par un oiseau hystérique (et possessif). Je me rends d’ailleurs compte que je suis à l’extérieur de la zone délimitée par les bouées jaunes. C’était donc ça ! Le danger ne vient pas des tricots rayés ou des quelques requins pointes noire qu’on pourrait trouver dans le lagon, il vient du ciel !


Un paradis naturel (L’île des pins)

Nous avons pris le Betico (prononcer le « Bétitcho ») à 6 H 30 du matin pour 2 heures de traversée jusqu’à l’île des Pins, au sud de la Grande Terre. Nous avons été un peu secoués après avoir quitté le lagon, mais notre estomac a tenu le choc. Aujourd’hui, il fait gris, une dépression tropicale s’annonce dans les jours à venir, elle se situe pour l’instant au Vanuatu. Nous nous rendons jusqu’à la baie d’Oro, la mer en se retirant y forme un bassin appelé la « piscine naturelle ». On y accède en traversant un bras de mer (l’eau nous monte jusqu’aux genoux), puis en suivant le chemin tracé dans la brousse. La plupart des visiteurs ont apporté masques et tubas, car ici, on peut observer de nombreux poissons colorés ainsi que des coraux. L’eau est si limpide que, même sans l’attirail adéquat, on a l’impression de se baigner dans un aquarium au milieu des poissons. Sur la berge, j’observe trois petits bernard-l’hermite qui squattent chacun une coquille de couleur différente. Derrière la « piscine », la mer lance des lames à l’endroit où les rochers forment un enclos naturel. La pluie nous chasse de ce coin de paradis, et nous nous réfugions « Chez Régis », le gîte le plus proche.

L’après-midi est très court, le bateau quittant l’île à 17 heures. Nous profitons du temps qu’il nous reste après le repas pour explorer la brousse, espérant apercevoir des crabes des cocotiers sortant d’un des trous creusés dans le sable. Un dernier bain dans une eau turquoise à 25 degrés et nous voici à nouveau sur le Betico. Nous craignons que la dépression tropicale Becky ait gagné du terrain durant la journée, mais il n’en est rien : L’alerte de niveau 1 (écoles fermées et interdiction aux bateaux de prendre la mer) vient juste d’être déclenchée quand nous arrivons à Nouméa, Becky ne devrait atteindre la ville que demain ou après-demain.


À l’heure où nous mettons cet article en ligne, la tempête (dépression tropicale ou cyclone, comme on dit) se rapproche de Nouméa. Nous allons découvrir une autre facette des pays tropicaux !

par Myriam

Notes

[1] Il existe une marque de vêtements du même nom, qui fait notamment des T-shirts sur lesquels sont imprimées des bandes dessinées dont le héros est un tricot rayé auquel il arrive de multiples aventures.

Photos

Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Sud de la Grande Terre Baie de Prony Baie de Prony Baie de Prony Baie de Prony Baie de Prony Baie de Prony Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Rivière de la Madeleine Lac de Yaté Lac de Yaté Lac de Yaté Lac de Yaté Lac de Yaté Lac de Yaté Nouméa, Baie des Citrons Nouméa, Baie des Citrons Nouméa, Baie des Citrons Nouméa, Baie des Citrons Nouméa, Baie des Citrons Ile aux Canards Ile aux Canards Traversée sur le Betico Traversée sur le Betico Traversée sur le Betico Traversée sur le Betico Traversée sur le Betico Traversée sur le Betico Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Ile des pins Un magasin "Tricot Rayé", à Nouméa Un magasin "Tricot Rayé", à Nouméa

Carte

Diaporama

 

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Rivière de la Madeleine

 

Forum

5 Messages de forum

  • Impressions tropicales 30 mars 2007 14:24

    On vous offrira un banc à votre retour ! y’a plein de couleurs sur les photos et c’est de travers ; est-ce mon ordi oubien mes yeux ou l’appareil photos ? Z de Toul

    • Impressions tropicales 1er avril 2007 12:37, par Myriam

      La direction et les intervenants du site de L’Océanique vous prient de bien vouloir les excuser pour les désagréments oculaires occasionnés par la tempête qui a frappé la Nouvelle-Calédonie et ne nous à pas permis de mettre en ligne correctement toutes les photos. Cette erreur sera réparée des que les antennes seront redressées à Nouméa (ou dès que nous serons ailleurs).

    • Impressions tropicales 1er avril 2007 12:57, par Fabrice

      Bon, finalement on a supprimé toutes les photos, on les remettra dès que possible…

      En attendant vous pouvez toujours aller faire un tour chez l’ophtalmo, on ne sait jamais…

  • Impressions tropicales 8 avril 2007 04:22

    Eh ben moi je trouve que ce n’est pas bien de ne plus parler anglais ! ;) Il me tarde de vous voir arriver en terre américaine pour avoir vos impressons… en anglais, by Jove ! Take care XXX JM

    • Impressions tropicales 13 avril 2007 00:45, par Myriam

      Voui, voui, voui… Mais tu changerais peut-être d’avis si tu entendais l’accent des néo-zélandais… Ceci dit, nous aussi on a hâte d’arriver à New York et de mâcher du chewing gum ! En parlant, bien sûr ! Nana ! (au revoir en tahitien)