La Vaisselle Johnny Milou Carnets de notes Chants d'au-delà les Océans L'auteur Textes courts et humeurs Accueil de l'Océanique L'auteur
Présentation
 
Lire en ligne
Télécharger le livre (pdf)
Lettres ummites
Les discours d'Hermes
Démarches auprès des éditeurs
Page de liens
Images du livre et du site
Vos commentaires...
---

Il y a une vingtaine d'années...

Il y a une vingtaine d'années, parler d'extraterrestres faisait rire…
On n'aurait pas plus ri devant un adulte dévoilant son penchant pour le père Noël…
À cette époque, les films de science-fiction montraient de terribles monstres, et les scientifiques traitaient le problème de la même façon que celui des fantômes : ils ne le traitaient pas…
On pourrait dire que les campagnes de désinformation étaient particulièrement efficaces.

---

Il y a une dizaine d'années...

Il y a une dizaine d'années, c'était déjà moins catégorique.
Certes, pour le grand public, le sujet prêtait encore à sourire, mais pour les astronomes, ça avait commencé à changer. Ils s'étaient rendus compte que, vu la vastitude de l'univers, vu l'apparente banalité de notre système solaire, il était assez probable que la vie se soit développée ailleurs comme elle s'est développée chez nous.
Un article, publié sur ce site, résume cette impression : Une vision de l'univers.
Puis ils ont commencé à détecter des exoplanètes.

---

Maintenant...

Et là il faut avoir du cran pour rejeter d'un bloc, sans argument solide, la possibilité d'une vie extraterrestre, il n'y a que quelques animateurs télé bas du front pour faire ça.
Car c'est ainsi maintenant : seuls des arguments religieux peuvent encore permettre de rejeter la possibilité. Par exemple en affirmant que l'ensemble de ce que nous percevont de l'univers est une illusion.
Personne n'affirmera que la vie existe ailleurs, mais tout le monde affirme que c'est probable.

Si vous leur demandez, les scientifiques vous diront la même chose, mais qu'on ne sait pas évaluer cette probabilité. Au pire ils ajouteront que ces êtres hypothétiques ne pourraient en aucun cas venir nous voir, compte tenu de la limite infranchissable que constitue la vitesse de la lumière. Je dis au pire, car il y a aussi pas mal de scientifiques qui présentent des théories grâce auxquelles un voyage au-delà de la vitesse de la lumière serait possible.

---

L'exobiologie

Une science, l'exobiologie, s'intéresse à cette possibilité, essaye de quantifier la probabilité…
Mais ce n'est pas vraiment au point, ça tâtonne.
Pour s'intéresser à la vie extraterrestre, il faut définir la vie. C'est la première embûche, la première montagne, insurmontable. Comment définir ce que pourrait être une vie extraterrestre alors qu'on n'en connaît aucun exemple ?

Cependant, les exobiologistes ont tout de même su proposer des choses intéressantes, dont par exemple le principe suivant :

Pour qu'une civilisation extraterrestre rentre en contact avec une autre il faut :

  1. Qu'une planète se forme autour d'une étoile, à une distance acceptable pour que la température soit clémente,
  2. Que la vie apparaisse sur cette planète,
  3. Que la vie se développe jusqu'à une forme évoluée,
  4. Que les êtres émergeants de cette évolution soient capables de maîtriser de grande quantité d'énergie sans s'autodétruire.

Après, c'est une question de probabilité et de croyance... Alors les scientifiques essayent d'estimer des probabilités hasardeuses, et les autres croient ou ne croient pas...

---

Le paradoxe de Fermi

Souvent, on nous ressort le paradoxe de Fermi : "Si les extraterrestres existaient, ils seraient déjà là ". Oui... mais non en fait... On ne peut pas s'en servir comme ça... C'est un paradoxe, voyez-vous, juste un paradoxe.

 

Présentation

Ce paradoxe a été énoncé par le physicien Enrico Fermi, dans les années quarante, alors qu'il travaillait avec quelques collègues notoires, à Los Alamos, pour fabriquer la bombe atomique qui vitrifiera plus tard Hiroshima. Fermi s'occupait beaucoup de statistiques, et, déjà à cette époque, il pensait probable que l'univers soit assez vaste pour abriter d'autres civilisations que la nôtre.

À force de répétitions, le paradoxe est devenu un argument, mais il reste néanmoins un paradoxe : Fermi pose différents postulats, à propos de la vie et de l'univers, puis il dit que si tous ces postulats sont vrais alors il y a un paradoxe. Mais si l'un des postulats fait défaut, un seul et n'importe lequel, alors il n'y a plus de paradoxe.

 

Le raisonnement

  • L'univers est âgé de 10 à 15 milliards d'années (ne chipotons pas, on n'est pas à 5 milliards d'années près...).
  • On peut raisonnablement penser que les conditions nécessaires à la vie étaient réunies dans l'univers il y a 5 milliards d'années. C'est à dire que les étoiles les plus âgées avaient eu le temps de dégager dans l'univers les particules lourdes qui sont nécessaires à la vie telle que nous la connaissons (en gros tout ce qui n'est pas hydrogène et hélium).
  • La Terre serait âgée d'un peu moins de 5 milliards d'années et la vie s'est développée presque immédiatement.
  • Quelques millions d'années ont suffit pour passer d'une forme de vie primitive à l'humain.
  • Le progrès technologique se mesure en milliers d'années.
  • Des scientifiques ont estimé que cent mille années suffiraient à une civilisation pour coloniser la galaxie entière.

Résultat :
Comme les échelles de temps astronomiques sont largement plus importantes que les échelles de temps "humaines" (développement technologique et colonisation), si ne serait-ce qu'une civilisation avait émergé avant la nôtre dans la galaxie, elle aurait dû avoir déjà colonisé la Terre.

Donc, en oubliant les autres postulats : "Si les extraterrestres existaient, ils devraient être là !".

 

Les postulats

Il y a trois postulats majeurs, et sur des domaines largement incertains :

  1. le développement de la vie,
  2. la structure de l'univers,
  3. les motivations d'une civilisation avancée.

Qu'est-ce que la vie ?

C'est à dire à la fois "D'où venons-nous ?" et "Qui sommes-nous ?".

La première porte de sortie au paradoxe serait que la vie soit rare, ou d'évolution lente. À l'extrême, comme dans la caricature, on peut supposer que la vie n'existe que sur Terre. Il semble que ce soit la seule issue imaginée par ceux qui citent ce paradoxe.

La structure de l'univers

Autre supposition : les voyages interstellaires sont possibles, et souples.

Là aussi on peut sortir du paradoxe soit en supposant que ces voyages sont physiquement impossibles, soit qu'ils sont assez contraignants pour empêcher une colonisation.

Par exemple, si l'on imagine que la vitesse de la lumière reste à jamais une barrière infranchissable, les temps de trajets deviennent rapidement insurmontables. Non seulement pour les voyages eux-mêmes, mais aussi pour les communications, les échanges entre les colonies et la "métropole".

Si, au contraire, on imagine d'autre propriétés encore inconnues de l'univers, les voyages pourraient être soumis à l'aléa... Il ne serait alors pas du tout sûr que la portion de galaxie où nous nous trouvons puisse être visitée.

Les motivations

Fermi suppose gaillardement que si une civilisation a les moyens de coloniser la galaxie, elle le fera... Rien n'est moins sûr...

Sur Terre, une civilisation, européenne, a colonisé la planète entière, écrasant au passage nombre de cultures millénaires. Certes...
Mais si vous essayez d'imaginer ce que ça donnerait dans l'univers, vous verrez que ce n'est plus du tout le même contexte.

Quand les européens ont colonisé la planète, ils avaient des motivations commerciales, les nouvelles terres étaient pleines de richesses, et ils avaient besoin d'espace. Dans l'univers, nos extraterrestres voyageurs seraient devant un choix infini de destinations, des millions de planètes dont peut-être une sur mille abrite une vie. Alors pourquoi prendraient-ils le risque de venir sur une planète habitée par des êtres intelligents (un peu au moins...).
Il faudrait imaginer que la Terre a quelque chose d'important, de particulier, parmi toutes les planètes de l'univers...
Vous y croyez vous ? Moi non.

Il y a peu, j'ai entendu une personnalité se servir du paradoxe de Fermi, en s'étonnant de ce qu'"ils ne soient pas venus nous voir"... Quelle prétention, quelle fatuité ! Comme si la première évidence, pour une civilisation tellement plus avancée que la nôtre qu'elle peut voyager jusqu'à nous, était de venir nous voir, nous, les fils de Dieu... Je ris...

Non, la seule richesse de notre planète est la civilisation qui s'y développe, alors le mieux à faire est de la laisser se développer jusqu'à ce qu'elle découvre elle-même la communauté galactique. Elle sera alors au summum de son développement original, c'est à ce moment-là qu'elle apportera le plus.

 

Conclusion

Ne vous laissez par abuser par les gens qui vous sortent ce paradoxe comme la preuve ultime de la non-existence d'extraterrestres, ce sont des manipulateurs.

Rien ne dit qu'une civilisation extraterrestre aurait colonisé la Terre, rien ne dit qu'elle le fera. Et rien ne dit que des visiteurs ne passent pas de temps en temps, dans l'indifférence totale...

---
---