Accueil de l'Océanique Carnet de voyages Galerie de photos Le Journal de l'Océanique Guillaume Vincent - Romans Myriam Marc - Prose & poésie Nos invités
Myriam Marc Chapitre I - Appendre à mourir Chapitre II - Errances Chapitre III - Mourir, une fois de plus Chapitre IV - Plus froid que la mort Chapitre V - Les forces souterraines Chapitre VI - Les tunnels du souvenir Chapitre VII - Tout est à commencer

Chapitre V - Les forces souterraines : L'amour

Chapitre IV Sommaire chapitre V - Les forces souterraines Texte suivant - Chavirage

Duramen

 

La banquise chancelle :

Ça coule doucement,

Ça bouge et par moments

Ça craque

Inexorablement.

Permafrost en dégel

Improbable et pourtant

Les icebergs à vau-l’eau

S’en vont à l’aventure.

Le glacier immuable

Lentement fond et coule ;

Ce frémissement infime

Est le même qu’entre nous

L’ordinaire a laissé

 

Nous

Noyau dur dont la moie ne se désagrègera pas

Cette couche tendre au cœur de nous

De toi à moi

Un petit pas

 

Si loin de nos lagons

Le monoï a durci

La fleur de tiaré

Figée dans la masse molle :

Il est de ces douceurs

Rivées comme on nous colle

Des tanins sur la peau

Pour mieux les conserver

 

Alors, érodée,

Arrondie par les ans,

Je tente d’accompagner

Ce mouvement si lent,

Celui de nos dormants,

Imperceptiblement

 

Entre nous deux

Tout est si flou :

Qui commence où ?

Et où finit

Cet entrevous,

Cet entre-deux

Si douloureux ?

Solives alanguies

Dans l’entretoise de nos nuits,

J’entends la charpente craquer

 

Le bois travaille

Il est vivant

Le bois parfait

Solide et fort

De nos accords,

Inébranlable

Jusqu'à la mort

 

Faits de ce même bois,

Nous absorbons les chocs,

Doucement ondulant,

Nichés tout au sommet

D’un amour impassible

Qui, seul,

Qui, lentement,

Assimile le temps.

 

dessin : autoportrait de nous
Autoportrait de nous, donc on l'appellera le "Noutoportrait" !

 

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