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Myriam Marc Chapitre I - Appendre à mourir Chapitre II - Errances Chapitre III - Mourir, une fois de plus Chapitre IV - Plus froid que la mort Chapitre V - Les forces souterraines Chapitre VI - Les tunnels du souvenir Chapitre VII - Tout est à commencer

Chapitre V - Les forces souterraines : L'écriture

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Vivant !

 

Ah, se savoir sans père, sans foyer ni amant, se savoir ici-bas et pourtant aux enfers

Mon dieu, devoir se taire, à la nuit la plus noire, à une nuit sans vie abandonner son cri

Parcourir cette terre, sans but défini, y voir naître et mourir des mondes infinis

Sur un vaisseau fantôme devoir fendre la mer, se tordre à son écume, se noyer dans l’oubli

 

Vouloir briser ces vers, ô poète maudit, tu connais tes enfers, pour toi non point de vie

Mais la mort quotidienne, sur les planches de bois, la mort dans les grimoires, et la mort sous ton toit

 

Oui, s’agiter encore, une dernière fois, laisser la flamme trembler de te savoir sans loi

Une dernière fois se regarder pleurer et s’affliger encore de ces larmes faciles

N’être plus que le fou, celui d’un roi qui meurt, sans ambition ni foi, le regard fixe et fier

Et l’âme à mille lieues des tourments de la terre, et l’âme dans les cieux, perdue dans ses enfers

 

Ah, s’essayer encore, une dernière fois, à la passion mortelle, dévastatrice, mais belle

Puis relever la tête, en guise de défi, aveugle, les yeux vides, ignoble, tu blêmis

De voir déjà le jour, mais de ne ressentir, finalement, que la nuit, ténébreuse et profonde

Mais arracher encore, une dernière fois, une larme, un sourire, qu’importe que ce soit

 

Juste avant de mourir, sur les planches de bois, aux mots donner la force, et à la voix le ton

De faire rire ou pleurer, une dernière fois, et crier dans le noir, l’œil hagard, suppliant

Crier comme il est beau de mourir sur la scène, de mourir chaque soir, et d’être enfin vivant !

 

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