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mercredi 25 avril 2007

Bye Bye New York

New York m’a fait penser à beaucoup de films, même si je ne me souviens pas forcément de leur nom, mais je crois que la référence la plus présente est bien Matrix. Pourquoi ? Je ne sais pas exactement, mais des rues passantes à l’entrée de l’Empire State Building, c’est ce film qui me revient en tête. Peut-être parce que, ayant vu cette ville, je comprends mieux ce que les films expriment des États-Unis, cette petite partie de folie qui émaille les scénarios. La matrice… Oui, on la sent ici, peut-être plus qu’ailleurs. À marcher dans les rues, au milieu de toute cette agitation virtuelle. Car ici on joue. On joue à être important, à être performant. Je revois cette caissière, dans le « Deli » au coin de notre hôtel, tellement prompte à dire le prix, à prendre les billets et à rendre la monnaie… Un vrai robot ! Mais est-ce réellement efficace ? Ou encore cette serveuse dans un « Starbucks » quelconque, qui mettait les verres sur le comptoir en baragouinant un nom incompréhensible (et non, je vois sourire, mais je n’étais pas le seul à n’y rien comprendre, les Américains non plus…), à tel point qu’il y avait un grand flottement dans l’air, genre « c’est pour qui ç’ui là ? »). Elles jouent à être les plus performantes, à traiter un maximum de clients, mais je ne suis pas sûr que le système soit réellement efficace, deux employées au lieu d’une rendraient certainement un service plus calme, plus humain, et donneraient plus envie de revenir. Et se rendent-elles compte, ces acharnées du boulot, qu’elles ne parviendront jamais au poste du patron, même en se tuant à la tâche. Elles ne finiront pas actionnaires à la place des actionnaires qu’elles engraissent. Oui la matrice est bien là, plus prégnante qu’ailleurs.

Mais nous partons déjà, en ayant à peine effleuré une ville qui mériterait au moins deux semaines d’arrêt [1]. Nous voilà sur le trottoir, à sept heures du matin, encore tout endormis. Par chance, un taxi attend déjà au feu rouge tout proche, nous le rattrapons vite fait, engouffrons nos bagages dans le coffre et sautons sur la banquette arrière juste avant que le flot des voitures ne débarque du feu précédent. En route pour Penn Station, la route est dégagée. Le gars nous débarque dans une rue adjacente, devant une entrée que nous ne connaissions pas, mais qui s’avèrera, au final, beaucoup plus proche des quais. Nous avons pas mal d’avance : nous avions prévu large pour avoir le temps d’attraper un taxi et de lambiner dans les embouteillages… Penn Station, aussi un lieu mythique du cinéma américain. Dans le hall, une photo de l’ancienne station rappelle les films en noir et blanc, ceux d’Hitchcock par exemple, mais les lieux n’ont plus rien à voir, tout à été rénové. C’est propre, nous pouvons nous asseoir par terre, et les flics présents un peu partout n’y trouvent rien à redire, c’est ça l’Amérique (son bon côté).

Pour accéder aux quais, il faut montrer patte blanche, c’est à dire le billet (et le passeport puisque nous allons passer une frontière), il n’y a donc personne à traîner sur les quais, pas d’au-revoirs pathétiques, pas de mains agitée, seuls les voyageurs sont là. D’ailleurs, à l’étage, avant de montrer nos tickets, nous n’avons pas non plus vu de famille déchirée par le départ d’un des membres, à croire que les New-Yorkais vivent seuls, ou en tout cas partent seuls de chez eux quand ils ont à voyager. Les places, non numérotées, sont larges, et le train n’est pas plein, nous avons l’embarras du choix. Sur le côté, il y a deux prises de courant pour brancher les ordinateurs portables, le luxe.

Le train s’ébranle, part dans un tunnel, et nous traversons New York sous terre. Quand nous ressortons à l’air libre, la ville est pratiquement derrière nous. Nous longeons une rivière boueuse qui se trace un chemin dans un paysage d’hiver aux couleurs ternes. Les arbres n’ont pas encore de feuilles, nous traversons des forêts dénudées, lugubres. Mais le voyage est intéressant : le train passe en des endroits qu’on ne voit habituellement pas en voiture. Nous découvrons une multitude de décharges sauvages dans les bois, des carcasses de voitures ou d’appareils ménagers. Il y a aussi beaucoup d’arbres morts abandonnés dans les forêts. Le tout donne une impression de chaos. Nous traversons aussi quelques zones industrielles, avec des usines délabrées qui crachent pourtant encore d’épaisses fumées. Des hangars rouillés. Des morceaux de véhicules abandonnés… Le chaos, oui, d’une société post-industrielle… C’est le paradoxe des États-Unis, pays mondialement reconnu comme étant à la pointe de la technologie, mais cultivant encore sur son territoire des industries, et des façons de vivre, archaïques.

Il semble y avoir eu des inondations, aussi. C’est la décrue. Beaucoup d’arbres ont encore les pieds dans l’eau. Plus étrange encore, des boites aux lettres, sur leur piquet, émergent ça et là de vastes étendues d’eau. Le trajet se déroule essentiellement au bord de l’eau, soit d’une rivière, soit d’un lac, soit de ces zones inondées. Mais il fait beau par là-dessus, et les paysages sont magnifiques. Au loin, on peut voir une chaîne de montagnes aux sommets enneigés [2].

Le train avance lentement et fait de fréquents arrêts, ce qui explique la durée du trajet : deux heures de plus que par le bus tout de même ! Dans certaines gares, environ toutes les deux ou trois heures, nous avons le droit de descendre du train pour fumer une clope. Le contrôleur passe dans les wagons en disant « smoke-stop ». Ce sont de minuscules gares, sans même un quai qui longe le train. Nous descendons sur les marche-pieds, juste à côté des voies, et nous nous égaillons aux alentours de la gare, seuls ou par petits groupes, pour accomplir notre forfait. Ces gares me font penser aux westerns, les films encore, tellement elles sont petites. Peu de gens descendent du train, une ou deux personnes qui rejoignent rapidement leur voiture garée là, tout près, et je n’ai vu personne prendre le train dans ces gares isolées. Nous n’avons pas non plus croisé d’autres trains, il doit pourtant bien revenir ! Visiblement, le train n’est pas le moyen de transport favori aux États-Unis.

En fin d’après-midi, le train s’arrête en pleine nature. C’est la frontière canadienne. Des gars montent dans les wagons pour contrôler passeports et bagages. Arrivé à notre hauteur, le premier officier regarde vaguement nos passeports, puis les tend à son co-équipier en disant « Ah, famille Albert » [3]. Fichtre, nous somme repérés ! Le gars nous demande tout de suite si nous venons pour étudier… Comment est-il au courant ? Nous expliquons que non, que nous sommes là en touristes, pour cette fois, mais que… Il nous coupe pour nous expliquer que nous sommes dans le système, nos demandes de permis d’étude sont en cours de traitement. Nous devons répéter plusieurs fois que nous reviendrons en août pour les études mais que nous ne sommes qu’en vacances actuellement, il nous rappelle tout de même qu’il est interdit de suivre des études sur un visa de tourisme, au cas où nous voudrions forcer la porte d’un amphi… Nous aurons tout de même appris que nous sommes dans le système…

Nous arrivons à Montréal avec une heure de retard, le contrôle ayant été plus long que prévu. Nous traversons d’abord de vastes banlieues résidentielles, sans cachet. Les maisons semblent fabriquées à la chaîne, même les petits immeubles, les « condos », semblent tous faits sur le même moule, par séries de trois à dix. Puis c’est le passage du Saint-Laurent, et nous arrivons sur l’île de Montréal. Car Montréal est une île, comme New York, Tahiti, la Nouvelle Calédonie et la Nouvelle Zélande. Nous voyageons d’île en île !

Au premier coup d’oeil, Montréal nous semble assez triste : à huit heures du soir il n’y a pas grand monde dans les larges rues, les immeubles sont austères… Ce n’est ni une mégalopole exubérante comme New York, ni même Paris, ni une petite ville de province. C’est entre les deux, comme si, ici, les banlieues se mêlaient au centre ville. Mais bon, laissons à la ville le temps de nous séduire, nous devrons vivre deux années entre ces murs sombres…

par Fabrice

Notes

[1] Nous n’en sommes pas à notre coup d’essai : nous avions prévu seulement deux semaines pour l’Australie, deux nuits à Raïvavae… On ne peut bien prévoir un voyage que lorsqu’on connaît déjà les lieux !

[2] Je n’ai pas de carte sous la main pour essayer de retracer notre itinéraire, donc pas de noms de lieux…

[3] En français, nous entrons au Québec…

P.-S.

Pour une fois, il n’y a pas de photos avec cet article : pendant le voyage en train, nous avions décidé de laisser l’appareil photo se reposer. Il y aurait pourtant eu de quoi…

Carte

Forum

2 Messages de forum

  • Bye Bye New York 2 mai 2007 10:48, par Eric

    Salut Fabrice et Myriam,

    J’espere que vous allez bien. Votre voyage a l’air de bien se passer.
    Ca y est, vous avez retrouver "la ville" et son agitation.
    Il y a quelques semaines je lisais votre periple a Yate en Nouvelle Caledonie sous la pluie et donc sur les pistes boueuses.
    Quand j’etais alle a Yate, a l’epoque il y avait un bac mais les routes n’etaient deja pas terribles.
    Enfin, bravo pour votre site. Les articles sont accessibles sans probleme. Il y a meme le tag "ALT" pour les photos.
    Bonne continuation dans vos visites,
    Eric

    • Bye Bye New York 4 mai 2007 19:51, par Fabrice

      Salut Eric, et merci pour ton message !

      Le voyage se passe bien effectivement, après plus d’une semaine passée à Montréal, nous avons trouvé un appartement et nous allons pouvoir partir à la découverte du reste du Québec.

      Eh oui en effet, nous n’avons pas eu du très beau temps en Nouvelle-Calédonie, et quand il pleut là-bas, il pleut !

      Pour la touche "ALT" je n’ai aucun mérite dans cette partie du site : c’est SPIP qui fait tout !

      A bientôt