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vendredi 11 mai 2007

Les bronzés sur le Saint-Laurent

Nous avions donc décidé de passer deux jours à Tadoussac, dans notre petite cabane (tout confort) au Canada, non seulement pour avoir le temps de faire une croisière pour observer des baleines, mais aussi parce que ces petits chalets sont vraiment trop cool… Nous voilà donc partis, vers midi, en direction du petit port de Tadoussac pour prendre le bateau qui nous emmènera approcher des gentils monstres marins qui viennent ici pour se gaver de krill. D’après les brochures des compagnies qui organisent ces mini croisières, on peut croiser des belugas (3 à 4,5 m), des petits rorquals (6 à 9 m), des baleines à bosse (10 à 15 m), des rorquals communs (20 à 25 m, ça devient sérieux), et, le summum, des baleines bleues (25 à 30 m, 80 à 130 tonnes, des monstres). Mais bon, nous ne nous faisons pas trop d’illusions : nous ne sommes qu’au tout début de la saison (les croisières n’ont débuté qu’au début de la semaine) et les panneaux « Qui aura la chance d’apercevoir une bleue ? », vus sur la route laissent penser que la rencontre avec le plus gros animal que porte la planète doit être assez rare, même ici…

Nous montons tout de même sur le bateau, confiants. Nous sommes une poignée de touristes sur le quai, une quinzaine, pour un bateau qui peut allègrement transporter une centaine de personnes. D’ailleurs, quand nous l’avons vu revenir de la tournée précédente, partie le matin, il y avait encore moins de monde… Nous nous installons confortablement sur le pont supérieur. La propriétaire des chalets nous avait prévenus qu’il fallait s’habiller chaudement car, malgré une température de l’air carrément agréable, l’eau du Saint-Laurent ne dépasse pas 4° et il fait donc froid quand on navigue dessus. Effectivement, il y a un bon petit vent gelé qui souffle alors que nous ne sommes pas encore partis. D’ailleurs nous commençons à trouver le temps long… Pourquoi ne part-on pas ? D’un coup nous entendons des exclamations et des vannes vaseuses fuser de l’escalier qui mène au pont supérieur, nous nous retournons stupéfaits : une horde de touristes arrive. Ça n’en finit pas d’arriver. Le pont se remplit peu à peu. « Eh, Gérard, t’as pris ta p’tite laine ? », « Tu veux rire, froid ou pas froid tu sautes quand même à la baille à la première baleine, et moi, je récupère la pension ! »… Mon dieu… Nous jetons un oeil sur le quai pour comprendre ce qui se passe, et nous comprenons : un car vert pomme trône au milieu du parking. Un voyage organisé, c’est bien notre chance de tomber là au milieu !

Le problème des voyages organisés, c’est justement qu’ils sont organisés. Ils ne demandent pas la plus petite démarche individuelle, pas la moindre volonté d’aller découvrir autre chose que ce qu’on a chez soi. Du coup, beaucoup des personnes qui utilisent ces formules voyagent comme ils regardent un documentaire à la télé : avec la bière à la main, les pieds en éventail sur leurs poufs. Ils sont là, mais ils sont comme une parcelle de banlieue parisienne qui se déplace et aux fenêtres de laquelle défile des paysages désincarnés, aplatis par la caméra. Ils sont là, mais ils sont entre eux, entre deux bélugas qui passent au loin ils discutent des magasins de la rue de Rivoli. En français, on dirait que ce sont des « beaufs ». En tout cas, moi je le dirais… Mais voilà, mon beauf’, il n’est pas si beauf que ça. Ici, au Québec, on dit « matante » ou « mononc’ », et là, je dois reconnaître un de mes oncles, comme gros con, il en impose. Alors oui, des « mononc’ », voilà, le bateau a été assailli d’une horde d’oncles bruyants, gras de propos et prompts à l’éclat de rire tonitruant.

Le bateau a d’abord approché un calme troupeau de bélugas. On entr’aperçoit, entre deux têtes casquettées, des dos ronds et lisses qui roulent dans les eaux jaunes du Saint-Laurent. Puis il y en a eu d’autres, indiqués par la naturaliste du bord qui s’évertuait à tenter de nous inculquer des rudiments de culture scientifique à propos des mammifères marins. Nous, de toute manière, on n’entendait rien à cause du vent, et on n’avait pas envie de se rapprocher des haut-parleurs : il y avait bien trop de monde massé là-bas. Au bout d’une bonne heure, avec deux ou trois groupes de bélugas passant toujours devant le bateau (forcément puisque le pilote allait vers eux, quelle idée aussi de s’asseoir à l’arrière !), nous avons jeté l’éponge. De toute manière elles sont trop loin les bébêtes, et nous n’avons pas envie d’aller jouer des coudes sur les quelques mètres de bastingage bien placés. Nous décidons donc de nous réfugier sur nos sièges à l’arrière et de se taper les sandwichs que nous avions prévus en cas de petite faim (tout de même plus de trois heures de balade en partant à midi et demi…). Tout le monde est devant, le regard tendu vers la proue, on est peinards. Et là, devant nous, d’abord un remou, puis une majestueuse bête blanche qui vient faire le dos rond à seulement vingt mètres du bateau. Nous le regardons ébahis. Malheureusement quelqu’un d’autre l’a vu : « Eh, venez tous ici, y’en a un ! », « Oh, tu l’as bien repéré c’ui là ! ». Merde, merde et chiotte. Vous ne vous rendez pas compte qu’on était là tranquilles, qu’il y a eu un moment magique rien que pour nous, et que vous allez tout gâcher ? En moins de deux nous sommes assaillis. Nous avons encore le sandwich à la main et tout le monde se penche par-dessus nos sièges, tentant de prendre des photos imprenables (les bestiaux sont facétieux : ils ne sortent jamais là où on les attend). Nous attendons que ça passe, picorant nos sandwichs, et ça ne tarde pas, bientôt il y a une autre alerte : un grand dadais en short hurle « Eh, venez tous par ici ! ». Il montre un bout de bois qui flotte mais ce n’est pas grave, l’attention de la foule s’est reportée ailleurs, nous pouvons finir de manger.

Un peu plus tard nous avons pu voir, de loin, le dos d’un petit rorqual qui faisait de brèves apparitions. Nous avons tout de même tenté de prendre quelques photos, nous aussi, pour que vous puissiez entr’apercevoir ce qui nous avons entr’aperçu. Et puis le navire a fait demi-tour, un petit passage dans le fjord du Saguenay, on débarque les bronzés de l’autre côté, où les attend le bus vert et leurs collègues bronzés qui n’ont pas voulu faire le tour (heureusement car il y en a un qui semblait particulièrement gratiné, avec des vannes que je n’ose même pas vous rapporter), et on rentre au port. Il est presque quatre heures de l’après-midi, nous avons encore du temps pour nous balader sur la côte.

Le soir, nous allons voir les dunes de Tadoussac, résidus laissés par un ancien glacier maintenant disparu. C’est assez impressionnant. Nous descendons jusqu’à la plage, d’où nous apercevons une cascade de dégel. Le coin est magnifique, et, contrairement à la croisière de ce matin, nous sommes seuls pour profiter du paysage.

Bon, nous reviendrons à Tadoussac en plein été, quand il y aura plus de chances de voir des baleines. Et nous choisirons une excursion en pneumatique plutôt, plus intime.

par Fabrice

Photos

La baie de Tadoussac La baie de Tadoussac La baie de Tadoussac La baie de Tadoussac La baie de Tadoussac La croisière La croisière La croisière La croisière La croisière : le dos d'un beluga La croisière : le dos d'un petit rorqual La croisière La croisière Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Le fjord du Saguenay Un fleuve d'huile Panneau humoristique devant les chalets La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La pointe de l'Islet La baie de Tadoussac Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes Les dunes

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Le fjord du Saguenay

 

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