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Publication le 2007-01-16 12:04:35

Mis à jour le 2007-01-16 12:09:44

Livres

Une brève histoire de l’avenir

de Jacques Attali

16 janvier 2007

Il y a assez longtemps, j’avais lu un livre de Jacques Attali : « Histoires du temps ». J’avais été plongé dans l’histoire de l’humanité au travers de l’évolution des moyens de mesure du temps. J’avais compris que, pendant le moyen-âge, les églises étaient les maîtres du temps, elles rythmaient la vie quotidienne. Plus tard, les cités avaient repris le flambeau en construisant des beffrois. Et j’avais aussi compris que la découverte du monde n’avait été possible que lorsque les bateaux avaient pu être localisés plus précisément grâce à des horloges précises. Bref, j’avais été enthousiasmé !

Alors, quand un ami m’a parlé de celui-ci (« Une brève histoire de l’avenir »), j’ai sauté sur l’occasion. C’est un peu le même principe : Jacques Attali parcourt l’histoire de l’humanité, depuis l’antiquité, pour tirer des enseignements sur le présent ou l’avenir. De plus le sujet m’intéresse particulièrement : il s’agit de débroussailler ce que pourrait être notre avenir, forcément troublé…

Je dois le dire, j’ai été un peu déçu, mais attendez la fin de l’article avant de vous faire une idée, finalement l’expérience est plutôt positive.
Tout d’abord j’ai trouvé le côté historique un peu rapide et peu prenant. Jacques Attali en reste, me semble-t-il, à des faits économiques sans montrer les impacts et les racines dans la vie quotidienne, précisément ce que j’avais adoré dans le premier livre dont il est question plus haut.
J’ai eu l’impression de ne pas être assez au fait de l’histoire pour suivre le raisonnement. Les faits racontés m’ont donc paru plaqués, affirmés sans que je puisse les vérifier, ni en comprendre la logique.
De plus, pendant peut-être trois cents pages, je me disais que ce bouquin était essentiellement écrit à la gloire du libéralisme, et ça ne m’enthousiasmait plus du tout ! Entendre répéter à longueur de page que l’« Ordre marchand » fait son chemin, qu’il « concentre de plus en plus de richesses en un nombre restreint de mains, accorde de plus grandes libertés aux citoyens et aux consommateurs tout en sécrétant de plus grandes aliénations pour les travailleurs » (par exemple page 97, mais cette phrase se retrouve à beaucoup d’autres endroits, sous des formes diverses).

Après l’histoire de la progression inévitable de l’Ordre marchand, Attali tente de décrire l’avenir… Il y aura d’abord la globalisation extrême, la marche triomphante du libéralisme, avec comme corrolaire la disparition presque totale des états au profits des entreprises, la privatisation de tous les domaines de la vie sociale, la précarisation du monde du travail. C’est le triomphe final du marché sur la démocratie, qu’il a pourtant fait naître.
Mais le plus inquiétant reste à venir, et là je rejoins totalement l’auteur : face à cette marchandisation, face aux diverses pénuries qui nous guettent, d’énergie, d’eau, de ressources financières aussi pour assurer les retraites et contrecarrer les effets de la globalisation, face aussi aux effets du dérèglement climatiques, seul le chaos peut-être anticipé. Ce que Jacques Attali appelle l’« hyperconflit » est bien ce qui me fait peur dans l’avenir à court terme.
Parce que, même en retournant le problème sous tous les angles, je ne vois pas d’issue qui pourrait préserver le fonctionnement actuel des sociétés occidentales. Nous allons dans le mur et nous sommes de plus en plus nombreux à en avoir conscience !

Mais l’image de la couverture aurait dû me mettre la puce à l’oreille :

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Oui, c’est une fleur qui pousse sur du bitume…
Car l’auteur est finalement optimiste… on n’y croyait plus !
De ce chaos, au mieux avant qu’il ne commence, au pire juste avant que l’humanité ne s’autodétruise, pourrait naître une nouvelle démocratie, un nouvel Ordre mondial basé sur l’entraide et la compassion.
Je l’espère…
Mais je n’en suis pas sûr. Attali non plus je crois… Et s’il a écrit ce livre c’est certainement plus pour montrer l’absurdité de l’évolution actuelle que pour décrire des lendemains radieux. Du moins c’est ce que je retiens.
Effectivement, l’issue ne peut-être qu’une prise de conscience globale, un changement d’attitude. Il faudrait abandonner notre combativité, héritée de millions d’années d’évolution laborieuse, pour se tourner vers l’avenir de l’humanité. Il faudrait arriver à penser au bien-être commun, chercher des solutions pour faire vivre l’ensemble de l’humanité avec ce dont chacun a besoin, pas moins, mais pas plus non plus, c’est là le plus compliqué.

Fabrice