Et nous voilà, main dans la main, arpentant les rues et les avenues de New-York… Difficile de garder la « Tahiti attitude » dans le flot des piétons qui remontent Broadway ! Effectivement, ça fait un changement radical. Mais ce que je trouve le plus étonnant ici, c’est à quel point ce n’est pas du tout étonnant, justement. La foule sur les trottoirs (certains, nous en avons aussi vu de calmes), les taxis jaunes, la sirène des voitures de la police, les logos NYPD, la hauteur des grattes-ciels, les affiches lumineuses, la couleur de l’Empire State Building la nuit… Tout cela est connu, vu dans les dizaines de films tournés ici, sans compter les séries. Alors d’un côté, New-York, on s’y sent instantanément chez soi !
Nous avons pris un bus pour venir de l’aéroport jusqu’au centre de Manhattan où nous avions réservé un hôtel, et le trajet, lui, avait quelque chose de surprenant : jusqu’à passé le tunnel qui débouche dans Manhattan, on se serait cru dans n’importe quelle banlieue industrielle, voire sur la pente de la décadence industrielle. Des immeubles bas, sombres, des rues douteuses, des terrains vagues… Encore, me direz-vous, que tout ça peut aussi avoir un arrière goût de film policier ! Le véritable coup de speed à été à la descente du bus. D’abord parce que nous n’avions qu’un dollar en monnaie (le reste était en coupures de 20, on venait de les tirer du guichet…), le conducteur du bus a pris un air carrément grognon quand on lui a tendu le billet… Du coup il a descendu un sac et nous a laissé nous débrouiller avec le deuxième : il a fallu desserrer deux autres sacs et des valises pour y accéder, avec la foule qui passe derrière, les autres passagers qui demandent le leur… Pour finir le trajet, puisque ce premier bus nous a laissés à la gare centrale, il fallait en prendre un second (nous avons d’ailleurs cru à une arnaque avant de comprendre ça car nous avions bien demandé un bus qui nous arrête devant l’hôtel, pas à deux kilomètres…). Rebelotte avec le pourboire, mais là c’est pire : nous n’avons même pas un dollar ! Je tends un billet de 10 en expliquant au gars qu’il faut qu’il me rende la monnaie. « How much do you want ? » [1], me demande-t-il d’un air suspicieux, le sourcil froncé. Comme je n’ai pas envie de me faire étaler sur le trottoir, qu’il me semble tout de même assez sympathique et que je l’avais déjà prévu comme ça, je tente un « Five » [2] timide. Là, il sourit, me tend le bifton et nous salue d’un « Thank you very much, guys » [3]. Typiquement New-Yorkais, mais totalement connu comme scénario !
L’hôtel ensuite : corridor art-déco, vieil ascenseur rafraîchi à la ponceuse, fenêtres en « bow-window » qui donnent sur une arrière cour lugubre (et qui ne ferment pas), vous savez, avec ces escaliers d’évacuation tous rouillés qui descendent en zig-zag, ceux que tous les bandits d’Hollywood descendent en trombe dans un boucan d’enfer (ils doivent apprendre ça dans les écoles de cinéma, avec « Oh my gooooood ! » [4]). Et bien ces escaliers, on les voit depuis la chambre… Mais heureusement personne ne les a encore descendus, à notre connaissance…
Aujourd’hui, première sortie : nous devons nous rendre à l’angle de la 42ième et de la 8ième (ça aussi vous connaissez, c’est l’avantage : le monde entier connaît le patois local !), pour tenter de réserver notre ticket de bus pour Montréal. En route, nous remontons Broadway, jusqu’à l’endroit auquel tout le monde pense quand on dit « Broadway » : le coin des comédies musicales, avec les enseignes lumineuses que j’ai tellement vues en film que ça ne me surprend plus. Nous mettons une bonne demi-heure pour trouver le guichet Greyhound (après une confrontation aussi violente qu’éphémère avec une cerbère d’une compagnie concurrente qui nous répond en aboyant qu’elle ne sait pas où c’est), là nous apprenons qu’il faut les passeports pour réserver le billet. Bon, tant pis, on reviendra demain…
Pour repartir, nous décidons de prendre le métro et de descendre vers le site du World Trade Center et la statue de la liberté. Parcours touristique quoi. Mais tout ça aussi est tellement connu que je préfère m’arrêter là. Le métro (celui ou Néo éclate la gueule du virus, dans Matrix), le trou béant à la place des tours jumelles (les informations et divers reportages), la statue de la liberté (un peu partout…). Ah si une parcelle de surprise : le calme des immeubles d’habitation tout au sud de Manhattan. Puis retour en taxi jaune, hélé d’un bras levé, défilé d’immeubles d’habitation, les lumières de la ville, pourboire conséquent… On remet ça demain ? New-York, c’est cool !