Ce poème a été rédigé pour l’opération "Un poème par char…" Appel pour que des poètes de toutes nationalités et de toutes obédiences se rassemblent pour inscrire des mots poétiques d’abord sur les carcasses de blindés qui sont restés abandonnés après la guerre du Golfe, ensuite sur de vrais chars irakiens ou/et américains. Adresse actuelle pour cette initiative :
Je les ai entendu dire qu’il n’y avait ici
qu’un dictateur maudit…
Mais je vois des enfants qui courent se cacher
dès notre arrivée…
A chaque village chaque ruisseau,
Ils courent dans les décombres.
Ils vivaient dans ces hameaux,
Maintenant ces ruines sombres.
Je les ai entendu dire qu’il y avait ici
une armée ennemie…
Mais je vois alentour un peuple affamé
au regard fatigué…
Nous avançons sans peine,
Sous des regards vaincus
Où juste un peu de haine,
Pointe encore, je l’ai vu
Je les ai entendu dire que nous venions ici
pour la démocratie…
Mais je vois bien que pour être sûrs de gagner
nous avons tout brûlé…
Il n’y a pas débat, pas d’élection,
Nous arrivons et dictons la loi.
Nous éradiquons la rébellion
Car au fond notre foi est notre loi
Alors finalement j’ai compris :
Nous tous sommes
La destruction massive,
Je suis la violence inutile
Qui ensanglante, une fois encore,
Les peuples humains.
Au prétexte douteux
D’un danger imminent,
C’est la loi du plus fort,
Qui s’exprime, une fois encore,
A la face du monde
Le but recherché
Forcément hideux,
Puisque caché,
Sera oublié, une fois encore,
Pour pouvoir recommencer…
Et tous les humains
Continuerons de subir
Les guerres fratricides,
Imposées, une fois encore,
Par l’oligarchie régnante.
Mais qu’y puis-je ?
Je ne suis qu’un char…
Guillaume Vincent