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dimanche 18 mars 2007

Chou blanc à White Island

Il était prévu que nous passions deux nuits à Whakatane, d’où l’on prend le bateau pour aller explorer White Island. C’est une île volcanique située à une cinquantaine de kilomètres de la côte. Sur cette île dénudée, il n’y a rien, pas un arbre, pas une maison bien sûr, pas même des toilettes. Mais il y a un volcan actif ! Et ça, c’est plutôt rare… Alors nous voulions absolument y aller, d’autant plus qu’au cours du trajet, la brochure promet que l’on peut souvent observer des dauphins et des baleines.

Nous arrivons donc à Whakatane le 17 en début d’après-midi, après seulement deux heures depuis Rotorua. Nous débarquons dans un motel sympathique (l’Alton Lodge, si ça intéresse quelqu’un, comme Dalton mais sans le D), avec des hôtes d’une gentillesse immédiatement perceptible. L’après-midi commence doucement par une petite sieste, puis nous allons voir la plage d’Ohope, à une dizaine de kilomètres. Le voyage commence à nous épuiser, cette fuite effrénée de lieu touristique en lieu touristique (avec toujours l’obligation de rendre la chambre avant 10h du mat’, autant dire aux aurores), tout cela lasse à la longue et nous passons de plus en plus de temps à simplement profiter de l’air des antipodes allongés sur notre lit. Je dis « notre » lit et non « un » lit, parce que, à la longue aussi, on finit par se sentir chez soi… [1]

La plage est décevante : d’abord le sable gris, pas très engageant, puis le vent insistant qui balaye la plage de long en large, et pour finir les vagues, petites mais brutales, qui viennent déferler rageusement. Nous mangeons nos sandwichs, regardons une gamine chasser seule une colonie entière de goélands – l’humanité est une espèce vaniteuse et envahissante – puis nous repartons vers notre petit motel sympa pour attendre le départ vers White Island le lendemain. Depuis la plage, nous la voyons, cette île. On remarque même le panache de fumée blanche expulsé par le volcan. Il monte parfois très haut, trois ou quatre fois la hauteur de l’île sur l’horizon. D’après la distance, ça doit bien faire quelques centaines de mètres, tout de même.

En partant, nous étions passés chez l’organisateur de l’excursion, pour avoir quelques renseignements. Ils nous avaient demandé un numéro de téléphone où nous joindre, pour confirmer que le tour aurait bien lieu et l’heure d’embarquement. Déjà, nous avons été surpris : personne jusqu’alors ne nous avait parlé d’une éventuelle annulation. Ils appellent effectivement vers 8h du soir : le skipper n’est pas sûr, il attend demain pour dire s’il y va ou n’y va pas… Arghhh, fîmes-nous… Comme la saint Patrick se prépare – des gens surmontés d’un ridicule chapeau vert se promènent partout – nous blaguons sur les motifs du skipper : « C’est surtout qu’il ne sait pas encore s’il aurait la tête en d’dans ! ».

Le lendemain matin, 8h (mais heureusement, on vient de passer à l’heure d’hiver, ça nous fait 9h en fait), nouveau coup de fil : le tour est annulé. Cette fois nous demandons des détails. En fait ce sont les conditions de débarquement sur l’île qui sont hasardeuses avec le vent (« Oui, oui, on dit ce qu’on veut… N’empêche, il a la tête en d’dans… »). La tuile. Le coup du sort. Le pépin. En plus, il faut que nous retournions à Rotorua pour nous faire rembourser les 300 dollars de l’excursion, c’est le bon côté des choses : ça nous coûtera moins cher.

Nous aurions pu voir White Island, nous en étions tout proches. Nous aurions pu naviguer sur une mer bleue, prendre le large par les côtes de Nouvelle-Zélande, voir les panoramas s’allonger, puis rapetisser. Découvrir les montagnes lointaines derrière la plage. Nous aurions pu vous donner à voir de très belles photos. Sur le trajet, nous aurions pu voir les dauphins faire la course à la proue du navire. Peut-être même aurions-nous pu voir une baleine lever sa queue majestueuse dans le ciel en replongeant vers les profondeurs, nous aurions pu photographier des queues, comme nous l’avait dit une française croisée dans l’île du Sud : « J’ai pu photographier trois queues ! ». Nous aurions pu débarquer sur cette terre désolée, brûlée, inanimée. Nous aurions pu coiffer les casques et tester les masques à gaz fournis par les organisateurs du tour. Nous aurions pu marcher sur les flancs abrupts du volcan, en nous enfonçant jusqu’aux genoux dans les scories. Nous aurions pu sentir la chaleur dégagée sur nos visages, voir du dessous ce gigantesque panache de fumée, entendre les soupirs de la terre qui exhale cette vapeur. Nous aurions pu nous extasier devant la couleur de citron du soufre déposé aux bords des anciens évents. Nous aurions pu enfin en parler avec fougue sur le chemin du retour et déjà vous préparer un article aussi enflammé que ce volcan. Nous aurions pu… (« Si ce con de skipper savait s’arrêter avant de se mettre dans un état lamentable ! »)

Bon… Voyage, voyage… Tu n’es fait que d’aléas…

Résultat : nous voilà de nouveau sur la route, sous la pluie (« Oui, oui, la tête en d’dans je vous dit ! ») Nous voyons passer un kiwi géant [2] , des poules sur une aire de repos, puis une ville, puis de nouveau la nature. Et de petites routes sinueuses comme dans l’île du Sud. Vers trois heures nous arrivons dans un charmant motel avec vue sur mer. Ça console… Demain au moins, nous aurons le temps de visiter un peu la presqu’île de Coromandel avant de rejoindre Auckland !

par Fabrice

Notes

[1] Il faut aussi souligner qu’il n’y a pas un lieu au monde qui soit plus notre chez nous que ces locations à la journée, puisque nous n’avons plus d’appartement.

[2] le fruit, pas l’animal, une enseigne qui annonce l’entrée dans la région productrice de kiwis

Photos

La plage de Ohope La plage de Ohope White Island fumant au loin

Diaporama

 

 
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White Island fumant au loin

 

 

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