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Le vieil homme

« Ma vie fût faite de bric et de broc.

De toute cette longue vie, je n'ai pas un instant eu le sentiment d'une quelconque continuité. Toujours des événements, toujours une quête, ou toujours autre chose. Toujours en mouvement vers un autre état. Je ne me suis jamais arrêté en un moment stable. Je crois que je n'ai jamais été satisfait, j'ai toujours voulu changer d'air. 

Maintenant seulement, alors que je suis vieux... aux marches de la mort, je suis heureux de la vie que j'ai brûlée. Je ne l'étais pas avant, heureux, je le suis maintenant.

Si j'avais trouvé un point d'équilibre, si mon esprit avait pu se satisfaire d'un état quelconque... je crois que j'aurais pu vivre de longues années de bonheur. Je crois également que cette vie d'équilibre ne m'aurait pas laisser le goût d'une vraie vie. J'aurais vécu le bonheur mais je n'aurais pas vécu la vie... Je le regretterais maintenant ce bonheur, certainement. Je regretterais beaucoup de choses qui n'auraient pas eu l'occasion de surgir. Je regretterais tous les chemins que je n'aurais pas pris. Tout ce que l'équilibre fortuit d'un instant de vie m'aurait caché.

Car on ne trouve pas l'équilibre, on y tombe. L'expression est trompeuse... Elle trompe chaque année des millions d'individus, qui en sont imprégnés et qui cherche l'équilibre au lieu de le fuir. En fait, ils cherchent à tomber.

On tombe dans l'équilibre comme une bille qui roule sur la terre tombe soudainement dans un trou, et s'y arrête, s'y perd.

Un jour ça arrive, on se balade dans la vie, insatisfait, et subitement on tombe, on se sent bien. Souvent, dans les films,  c'est à cause d'une femme, ou d'un homme pour les femmes, je suppose... Dès cet instant aucun mouvement n'est plus possible, on oublie tout... On oublie  la satisfaction profonde que peu apporter le manque de bonheur quotidien. Les occasions d'extravagance filent sans être saisies, on n'ose plus, on a peur de perdre cet état de dépendance qu'est le bonheur quotidien.

Il ne faudrait jamais rejeter l'apprentissage.

Il ne faut jamais être satisfait de ce qu'on a, car le jugement porté, celui qui détermine la satisfaction, ignore ce que l'on ne connaît pas encore... et pour cause...

Si vous dites : « Je ne fais pas cela, par ce que je suis satisfait de ce que j'ai, je n'ai besoin de rien d'autre », vous perdez une connaissance qui, peut-être, remettra en cause votre satisfaction. C'est un choix me direz-vous, il faut bien s'arrêter un jour, lassé par les peut-être...

Eh bien non ! Croyez-moi, moi le vieux, moi qui vais mourir... La vie s’arrête d'elle-même, il faut la vivre jusqu'au bout, ne pas la figer en cours.

A ceux qui me croiront je dirais : il faut garder le mouvement, il ne faut jamais cesser d'apprendre, d'évoluer. Il faut fuir la satisfaction quotidienne dés qu'elle vous attire. Vous verrez alors, à la minute de votre mort, vous ne regretterez rien. Tout comme moi vous ne vous en rendrez compte qu'à la fin. Quel bonheur je ressens, maintenant que je peux enfin vous le dire. Je n'osais pas avant, car je n'étais pas sûr, je ne voulais pas vous mentir...

Je regrette pourtant encore une chose il me semble... quelque chose de tellement improbable que le regret m'en sera pardonné. Je regrette de ne pas être parti, plus loin, dans les étoiles. »

 

 

« Dans quelques minutes la mort éteindra ma vie. Peut-être l'énergie qui m'a animé durant ce siècle achevé, animera-t-elle une autre partie de l'univers. Cette petite parcelle de vie universelle, que j'ai monopolisée quelques temps pourrait bien faire vivre une étoile ou un arbre. Certains appellent cela la réincarnation, mais moi je sens bien que c'est fini, cette énergie n'est pas moi, elle est mon hôte, elle a seulement fait germer mon corps. Mes pensées, ma vie, tout cela s'en va, tout cela n'est plus. Allez, encore un regard vers le long chemin de chaos, encore une bouffée de tous les plaisirs épars... »