La mer est proche, pour m'emporter.
Elle est doucement déchaînée.
De sous les roches, elle veut bondir
Jusque sur ma peau pour me dire :
« Viens donc avec moi mon ami.
Viens, dériver dans mes abîmes.
Viens, toi qui recherches l'oubli.
Viens goûter ma tiédeur sublime. »
L'appel de la mer incessant
Crier sans cesse, par les rouleaux
S'insinue jusqu'à mon cerveau
Comme une caresse, alanguissant.
« Viens plonger dans le grand fluide.
Viens, te libérer de ton poids.
Viens, dans le royaume d'Atlantide.
Viens pour te reposer en moi. »
Je suis allongé sur le sable
La nuit qui tombe m'a décidé
A venir enfin me jeter
Dans cette tombe, la mer aimable.
La vague me cherche, et elle m'emporte.
Le flux résiste, mais elle est forte.
« Viens te déchirer en mon sein.
Viens, que le froid te pétrifie.
Viens, se débattre ne sert à rien.
Tu as déjà perdu la vie. »