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Lire > Chapitre 6 :

6.

Comme il n'y a pas si longtemps, je me réveille dans une chambre blanche. Mais cette fois je sais où je suis, et le mobilier semble tout à fait terrestre.

Cela fait déjà deux jours que je subis des analyses, deux jours que l'on m'observe sous tous les angles : scanner, historique de ma vie, de mes sentiments, divers tests.

Rien. Rien du tout, ils n'ont rien trouvé.

Aujourd'hui j'ai rendez-vous avec le psychiatre, le docteur Roubigaut. On doit faire ensemble le bilan des analyses et signer mon papier de sortie, c'est ce qu'on m'a dit.

Je suis dans un hôpital, pas dans un asile psychiatrique. Au début j'ai eu peur, quand j'ai vu les deux gars et qu'ils m'ont emmené. Je me demandais bien où j'étais, dans quel pays je vivais, pour qu'on m'interne de la sorte. Mais ça c'est mieux passé que je ne le craignais. Comme je ne combattais pas, les infirmiers se sont détendus et m'ont expliqué qu'ils faisaient juste leur boulot, que des fois ils tombent sur des patients violents. Et ils m'ont expliqué où j'allais. Dans un hôpital de jour, pour repos, analyses et entretien avec un psychiatre.

Il est assez tard et l'hôpital n'est pas du tout silencieux. On ne peut pas se reposer, je suis pourtant là pour ça, d'après le psychiatre.

Mes analyses ? Vides. Mon comportement ? Normal. Alors quoi ? Qu'est-ce que je fais d'autre, à part me reposer ?

Dans la chambre mitoyenne, mon voisin est en pourparlers avec un médecin, il veut sortir, l'autre ne veut pas. Dans le couloir, une infirmière, probablement sadique, fait crisser un chariot sur le lino. Et il y a d'autres bruits, plein, une foultitude de sonorités discordantes, pleines de vie, de pleurs et de symptômes. Ça pourrait être l'Inde, une ruelle passante, vivante. Ça pourrait aussi être un asile à l'heure du repas, plus probablement.

Je m'étire dans le lit en me demandant quelle heure il peut bien être, si le petit-déjeuner va bientôt arriver, ou si je l'ai loupé, avec la chance que j'ai... Mais l'infirmière arrive juste et me dépose un petit plateau sur la table de chevet.

« Vous deviez rencontrer le docteur Roubigaut ce matin ?

- Oui… je crois.

- Il ne pourra pas vous recevoir.

- Ah ?

- Non. Ce n'est pas possible.

- Mais… Il devait autoriser ma sortie. Je n'ai plus d'analyses prévues, je n'ai plus rien à faire ici moi. Par contre j'ai des trucs à faire à l'extérieur.

- Il ne pourra pas. Il y a une grève, il est convoqué pour une réunion extraordinaire. On ne sait pas quand ça va finir…

- Et je ne peux pas voir quelqu'un d'autre ?

- Non… Ou peut-être ce soir… Ou demain… Je vais voir… Enfin en tout cas on verra ça plus tard, je n'ai pas le temps là.

- Pourriez-vous, au moins, me rendre les habits que j'avais en arrivant ? J'en ai marre de cette blouse…

- Je vais voir, je dois avoir ça dans le bureau.

- Merci. »

 

Une heure plus tard j'ai fini de manger, j'ai fumé une cigarette en cachette, dans la salle télé. J'hésite à aller prendre une douche quand l'infirmière revient avec un paquet qui doit contenir mes fringues.

Elle n'a pas plus de nouvelles concernant mon éventuel rendez-vous avec une autorité médicale.

Je décide d'aller me balader dans l'hôpital, après la douche.

 

Toute la journée je me suis promené un peu partout.

Je revenais de temps en temps vers ma chambre pour choper une des infirmières et lui demander où en était mon histoire de rendez-vous. Vers quatre heures, elles étaient toutes au courant. Une bonne partie du couloir aussi. Certains patients appuyaient ma demande, d'autres me regardaient d'un œil malicieux, compatissant, et je comprenais qu'ils avaient déjà eu le coup.

Vers la fin de l'après-midi, mes chances de sortir dans la journée commençaient à s'amenuiser considérablement. Je venais d'essuyer une fois de plus le refus doux mais ferme, légèrement amusé, d'une infirmière. Je me trouvais dans la chambre d'un homme assez âgé, en état d'hilarité perpétuelle.

« Tu peux toujours courir pour avoir ton papier ce soir, dit-il.

- Ben, j'espère bien que si !

- Cours toujours je te dis, ton docteur Roubigaut ne reviendra pas ce soir. Il n'en a rien à faire de toi. Tu pourrais ne pas être là, être un autre, être ailleurs. Pour lui c'est pareil. Tu es un patient parmi tant d'autres.

- Je n'ai plus rien à faire ici…

- Écoute, je ne devrais pas te le dire, mais je suis tombé sur ton dossier ce midi, ils t'ont amené ici sur ordonnance. Il paraît même que tu peux être dangereux, bien que personne ici ne le croie.

- Mais non… Je me suis baladé toute la journée.

- Parce que c'est le bordel ! Ils sont débordés, y'a trop de malades, trop de fous, trop de névrosés. Les infirmières, elles ne savent plus où donner de la tête. En plus il faut qu'elles courent après les médecins parce que la moitié est en grève.

- Ah…

- Crois-moi, mon gars, il vaut mieux que tu en profites pour tailler la route. Si ça se trouve, tu ne verras personne avant la fin de la semaine ! Et si tu traînes ce ne sera peut-être plus possible…

- Vous croyez ?

- Oui, répond-il en baissant la voix.

- Je ne suis pas sûr… Surtout si mon dossier dit que je suis dangereux… Ils pourraient me rechercher…

- Tu verras bien ! Au pire ils te ramèneront.

- Oui… Je suppose que c'est vrai, ce n'est pas l'armée… Et vous, pourquoi êtes-vous ici ?

- Oh, moi, c'est différent. Je viens ici au prétexte d'une dépression. Mais en fait, j'aime bien passer quelques jours à l'hôpital. Je drague les infirmières, ça me rajeunit.

- Ah… Je vois…

- Non, mais je me repose aussi, faut pas croire…

- Bon, et bien je vous souhaite bonne chance avec les infirmières, moi je vais réfléchir à tout ça dans le parc. Si je ne reviens pas c'est que j'aurai suivi votre conseil ! »

Après un bref salut je sors de la chambre et me dirige mine de rien vers la porte au bout du couloir. J'ai compris que je n'ai pas vraiment le droit de sortir, je me méfie un peu, je suis moins détendu.

En arrivant vers la porte, je fais un tour complet sur moi-même, je balaie le couloir du regard. Les infirmières vont et viennent, elles ne me portent aucune attention. Je pense furtivement que le repas du soir n'est que dans deux heures et qu'elles ne s'apercevront de rien d'ici là. Puis, bien que je ne sois pas encore décidé à m'enfuir, je murmure un « au revoir » inaudible.

Dehors, je m'allume une cigarette et commence à marcher au hasard des allées et des parkings. À la réflexion c'est plus compliqué que je ne le croyais : il y a foule devant chaque issue. Je crains d'être reconnu et pris en plein flagrant délit de fuite.

Je ne me suis pas encore demandé sérieusement si je sors ou non de cet hôpital sans autorisation. Les arguments avancés par mon voisin de couloir semblent plutôt bons. Et je n'ai pas réellement envie de rester… ni réellement envie de sortir. Peut-être suis-je effectivement fou…

 

Je suis dans cet hôpital, dans la capitale, sur terre, dans le système solaire. Autour de moi tout bouge, tout s'agite. Les gens entrent et sortent, les politiciens discutent, les financiers s'enrichissent, les planètes tournent et quelques astéroïdes se heurtent.

Puis plus loin, ou pas si loin que ça, des extraterrestres vivent aussi leurs vies. Sur leur planète ou en voyage autour de la nôtre.

Et je suis sur cette pelouse, un grand souffle, un grand râle monte tout autour de moi, immobile au milieu de tout ça. Je peux décider. Je peux rentrer ou sortir, je peux tout faire et il me semble que tout serait juste. Je suis à un point de ma vie où mon libre-arbitre joue seul, un point d'équilibre. Dedans ou dehors, rien ne peut me retenir ou m'attirer.

Une voiture passe derrière moi, je me retourne un peu et vois ses feux rouges s'allumer avant le tournant. Puis je lève les yeux au ciel, je tourne sur moi-même, et je vois la lune, un petit croissant blanc qui se découpe dans le ciel bleu. Je décide de marcher dans cette direction.

Un peu plus loin, je suis à l'arrière de l'hôpital, le mur est en chantier. Je ne me pose pas de question, je suis mon chemin, je marche vers la lune.

 

Dehors, à nouveau, plus loin, je m'allume une autre cigarette.

Ça me fait sourire, ça a été tellement facile ! Je n'ai fait que sortir, tout simplement. Du couloir, du bâtiment, puis de l'hôpital.

La lune est toujours là, mais presque éteinte par la brume. Je décide de partir dans la ville, au hasard.

 

Je reviens à la réalité dans la soirée. Je suis dans un bar, le dernier d'une longue liste. Je me sens moins fort qu'à la sortie de l'hôpital, la magie est retombée.

Tout ça ne semble-t-il pas un peu bizarre ? Tout ce qui m'arrive ? Je veux dire, si on regarde bien. Je me retrouve là, je ne sais pas ce que je vais faire demain. Certes, tout à l'heure, ça ne me semblait pas inquiétant, mais ce n'est quand même pas très normal, par rapport à tout ce qu'on voit…

Je suis assis au fond de la salle, c'est un petit bar en face de la gare. Je me suis affalé sur une banquette, adossé au mur. Je fume des cigarettes et je bois des petits pastis, parfois je regarde distraitement les allées et venues dans le bar, ou la télévision qui fait office de juke-box. J'écoute aussi les conversations alentour, mais ça devient difficile, de plus en plus difficile, au fur et à mesure que la soirée avance.

Cette histoire d'extraterrestres me tourne dans la tête. Je sais que je ne suis pas fou. Je sais que les analyses n'ont rien donné. Et je sais que je viens de vivre un moment intense, en sortant de l'hôpital, un moment de vrai. Dans ce moment, j'ai imaginé les extraterrestres, mais ce n'était pas volontaire, la vision s'est imposée à moi, je n'en étais pas maître.

Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, mais dans cette simple vision, plus encore que dans mon aventure dans la soucoupe, je vois la preuve de l'existence, et de la proximité, d'êtres nés sous un autre soleil. C'est comme un signe.

Alors ça tourne dans ma tête. Et que puis-je faire avec ça ? Si je sais que des extraterrestres existent, qu'est-ce que ça change ? Est-ce que je dois en parler ? J'ai déjà essayé avec Gérard et les psychiatres, ça n'a pas été très concluant, même un peu gênant. Ils ne m'ont pas cru, ni l'un, ni les autres. Et je n'ai pas revu Gérard, Dieu seul sait ce qu'il en a fait, lui, de cette histoire.

Il faudrait que je choisisse mon prochain interlocuteur avec plus de discernement. Et puis, même si j'en parle, ça ne veut pas dire que les choses seront plus claires, il faudrait que je tombe sur des gens qui ont déjà vécu des trucs de ce genre, ou qui sont très documentés. Et encore, si personne n'essaie de me faire retourner à l'hôpital…

Je commence à m'agiter, je secoue la tête sur ma banquette, je soupire, je lève les bras et les repose, dépité. Je me rends compte que je suis saoul, que ça se voit. Je sais que des clients, assis aux tables proches, me jettent des regards furtifs.

D'habitude je suis plutôt calme, discret. J'essaie de ne pas attirer l'attention, il se trouve que quand j'attire l'attention, j'attire souvent les ennuis. Mais ce soir je suis tellement pris dans mon histoire que je me laisse aller à l'ivresse, comme si je n'avais rien à perdre.

Ils peuvent bien me regarder, que feraient-ils à ma place ? Faire une déposition à la police ? Pour retourner à l'hôpital, et que, de toute manière, ça reste un papier parmi d'autres dans des tiroirs.

« Hein, hein, que feriez-vous, à ma place ? Dites-le-moi au lieu de me regarder comme ça ! »

Je me rends compte que je parle à haute voix. Tous les clients des tables avoisinantes me regardent, les autres n'ont rien entendu. J'aimerais dire qu'ils me regardent bêtement, mais non, ce ne serait pas honnête, ils oscillent plutôt entre la colère et la surprise, l'outrage et la question. Il faut reconnaître qu'ils ont loupé le début du monologue, et que, avec ma dernière phrase sortie de son contexte, on ne peut pas trop comprendre mon angoisse existentielle.

On compatit toujours mieux quand on connaît les angoisses existentielles de ses voisins.

Je fais un signe pour dire « laissez tomber » et je retourne à mon verre.

 

Deux tables à droite de la mienne il y a un groupe de jeunes qui me regardent avec attention. Ils me montrent du doigt et doivent se répéter ce que j'ai dit à haute voix. Je leur rends leurs regards, sans me démonter. Je suis saoul, il faut l'admettre, l'assumer. Et il n'y a pas mort d'homme, que je sache.

Pendant que je laisse aller mon regard dans la pièce, un des jeunes s'est levé et arrive devant moi. Surpris, pas effrayé, je le regarde en espérant n'exprimer qu'une chose : « Qu'est-ce que tu fous là, à me regarder ? » Mais je ne dis rien. Le gars s'assied en face de moi, sur une chaise et se penche pour parler.

« Bonjour, je vous ai entendu, de là-bas… Alors ça m'a intrigué… et je me demandais si vous vouliez bien m'expliquer de quoi il s'agit. Vous avez des ennuis ?

- Oh… Laisse tomber…

- Si, si, n'hésitez pas. Quand il nous arrive un malheur, rien ne dit que nous devons le supporter seul. »

Ce qu'il vient de dire me va droit au cœur, c'est totalement vrai, rien ne le dit.

« J'ai vécu des expériences… disons… spéciales… Mais bon, je n'ai pas envie d'en parler à n'importe qui, ça m'a déjà valu quelques ennuis...

- Moi, vous savez, je peux tout entendre. Et, si c'est ce que vous craignez, je ne vous dénoncerai à personne.

- Non, ce n'est pas vraiment ça que je crains… Bon, si vous voulez, le truc c'est que j'ai vécu des expériences qui me font penser qu'il y a des extraterrestres sur terre.

- Vous ne pouviez pas mieux tomber ! Figurez-vous que je m'occupe d'un club ovni dans mon école. Ah… Je savais que j'avais raison de venir vous voir ! »

Il a l'air sincère, le bougre. Quand je lui ai parlé des extraterrestres ses yeux se sont agrandis, on aurait cru qu'il avait le saint Graal sous les yeux.

« Venez vous joindre à nous. Justement, nous faisons une réunion du club ce soir, tout le monde est là. C'est fantastique ! »

Devant tant d'enthousiasme je ne peux que plier. Je me lève donc, prends mon verre et mes clopes au passage, et je le suis jusqu'à leur table.

Je remarque une fille, une table plus loin, qui tourne le dos à la salle, seule sur sa chaise devant un thé et un verre d'eau, un livre ouvert posé devant elle. Lorsque je m'assois, je me retrouve presque en face. Elle me regarde un peu, puis son regard repart vers le livre en passant par la glace du mur pour voir ce qui se passe dans la salle. J'ai à moitié envie de lui parler, mais elle ne fait pas partie du groupe de jeunes et le gars est en train de me présenter, alors je me retourne vers eux.

Ils ont tous l'air hilare et celui qui est venu me chercher peine à les calmer. En parlant un peu fort à mon goût, il répète ce que je lui ai dit.

« Donc je lui ai annoncé, bien sûr, que nous étions du club ovni et que nous étions en réunion, pour qu'il puisse nous raconter son histoire. »

Il y en a deux qui repartent dans un fou rire.

« Vas-y, raconte-nous… Comment t'appelles-tu ?

- Johnny. »

Au simple énoncé de mon prénom, il y en a deux autres qui éclatent de rire, les deux premiers ont du mal à se contenir, et tous les autres pouffent. Le premier, le chef, essaie encore de les calmer.

« Allons, les amis, un peu de sérieux… N'oubliez pas notre sujet d'étude… »

Ils se calment à nouveau, à part quelques sourires.

Comme tout le monde me regarde, je me sens obligé de dire quelque chose. Pour une fois, je sens venir un coup fourré. Ils n'ont pas plus l'air d'appartenir à un club ovni que n'importe qui, et, pour des gens en réunion, ils sont plutôt joyeux.

Sur la table, il n'y a aucun papier, aucun stylo, juste les consommations et les cendriers. Mais comme je ne pense pas avoir grand-chose à perdre, je décide de leur raconter l'histoire, comme si je me la racontais à moi-même, pour fixer les souvenirs dans les rouages de mon cerveau.

« Alors voilà, je me trouvais dans la campagne…

- Drôle d'idée… »

Ils rient.

« Bof, pas tant que ça, faudra que t'essayes… Mais ce n'est pas le problème… »

Je raconte l'histoire en détail, sans en rajouter, mais sans essayer de faire court. Ils réagissent de temps en temps, mais pas trop. Au fur et à mesure que je parle la moitié s'en vont, jusqu'à ce qu'il n'en reste que trois.

La fille d'à côté a aussi écouté, elle me sourit de temps en temps, quand je la regarde.

« Et donc je me suis retrouvé dans la clairière, et j'ai vu la soucoupe partir dans le ciel, et j'ai compris que j'étais dedans juste un peu avant… Voilà.

- C'est tout, elle finit là ton histoire ?

- Oui.

- C'est pas drôle !

- Non, mais c'est pas fait pour, c'est juste la réalité.

- Tu ne les as même pas vus tes extraterrestres !

- Ben non, je les ai pas vus…

- Et la soucoupe, elle était comment ta soucoupe ?

- Verte à pois bleus.

- Tu te fous de notre gueule ?

- Oui, un peu… Chacun son tour. »

Ils ne sont pas contents. Ils ne savent même pas que j'ai raconté la stricte vérité.

Ils s'en prennent à celui qui est venu me chercher : il est nul, il n'est même pas capable de pêcher un mec qui les fasse marrer. Moi, ils m'oublient, ils partent en s'engueulant, je vérifie juste qu'ils ont payé leurs consommations pour ne pas me retrouver avec la facture.

Comme elle est restée, je me retourne vers la fille de la table à côté.